Les débats sur l’introduction de l’euro en Bulgarie ne datent pas d’aujourd’hui mais pour le moment tout reste au niveau de la rhétorique et rien de bien concret n’a été fait pour l’adoption de la monnaie commune. Sans précipitations et avec beaucoup de précautions – telle semble la politique des autorités bulgares par rapport à une éventuelle adhésion à la zone euro. Ce comportement est facilement explicable et justifié car en fait il y a en Bulgarie un conseil monétaire en vigueur et il exige que le leva bulgare soit fixé à l’euro à un taux de change permanent et inchangeable. L’euro en Bulgarie est même souvent utilisé dans des opérations commerciales nationales – pour payer des biens immobiliers, par exemple. Ce serait différent évidemment si la Bulgarie avait été un membre de plein droit de la zone euro avec tous les droits et obligations qui s’en suivent mais c’est mieux que rien. Et l’économie le prouve avec son évolution à la vitesse de 4% par an de croissance du PIB.
Mais c’est une situation de transition et instable, l’entrée dans la zone euro étant l’objectif final. Or, ces derniers jours on observe de nombreuses évolutions à ce niveau et elles sont toutes positives pour Sofia. Le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis, en charge de l’euro et du dialogue social, en annonçant le tant attendu paquet de mesures de réformes dans la zone euro, a mentionné que la Bulgarie est prête pour entrer dans le mécanisme de change ERM2, connu comme l’antichambre de la zone euro. Il a même annoncé que la Commission européenne envisage d’aider avec des subventions, des conseils et de l’expertise les pays souhaitant adhérer à la zone euro. L’expérience accumulée jusque-là indique que les candidats à l’euro passent environ 3 ans dans cette salle d’attente. La Bulgare la plus haut placée dans le monde – KristalinaGuéorguieva, directeur exécutif en chef de la Banque mondiale a été également très claire à ce sujet et selon elle la Bulgarie entrera dans la salle d’attente de l’euro en 2018. Le commissaire européen au Budget Günther Oettinger a pour sa part précisé que la Bulgarie et la Croatie sont les prochains membres de la zone euro. Rappelons que récemment le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker lui-même avait déclaré que les portes de la zone euro sont ouvertes à la Bulgarie.
Tout cela est réconfortant et très encourageant pour les autorités bulgares. Mais que pensent à ce sujet les Bulgares de la rue et quelles sont les prévisions des experts économiques sur les effets de l’entrée dans la zone euro ?
Les Bulgares sont divisés en deux groupes presque à égalité par rapport à l’euro. La première moitié soutient inconditionnellement l’adoption de la monnaie commune, l’autre moitié est plus prudente et hésitante et n’éprouve pas un grand amour pour l’euro considérant que son introduction dans le pays ne fera qu’augmenter les prix comme il est arrivé dans les autres pays de la zone euro. Ce groupe d’autre part ne voit pas de grands effets positifs de l’euro. Les craintes de flambée des prix sont motivées et bien que les hausses enregistrées dans les autres pays n’ont été que de quelques euros ou quelques centimes, ce problème est particulièrement grave pour la Bulgarie où 1/3 des citoyens vivent avec des salaires en-dessous du seuil de pauvreté de 150 euros par mois et pour lesquels même quelques centimes de plus sont une véritable épreuve. Les experts économiques soulignent pour leur part que cette pauvreté, insolvabilité et ce faible pouvoir d’achat seront les principaux obstacles sur la route vers la zone euro et que la décision finale sur la candidature bulgare sera avant tout une décision politique et non pas économique. Rappelons dans ce contexte que même l’entrée de la Bulgarie dans l’Union européenne en 2007 avait été une expression d’arguments avant tout politiques. Il en va de même pour l’espace Schengen dont la Bulgarie est tenue pour des raisons politiques à l’écart bien qu’elle ait appliqué depuis longtemps les exigences techniques requises. Mais en 2007 et maintenant l’économie européenne était en bonne forme et tout le monde était content. Espérons que cette bonne humeur à l’heure actuelle jouera un bon tour à la Bulgarie pour l’euro car, on le sait très bien, les décisions les plus importantes sont prises presque toujours sous l’influence des émotions. Ajoutons au final que le premier ministre bulgare BoykoBorissov, conscient de ce fait, a promis que la Bulgarie ne sera pas le trouble-fête dans la zone euro avec ses indices macroéconomiques brillants.
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