Nous marquerons dans moins d’un mois deux ans du début de la guerre en Ukraine. D’après le Haut commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, à la fin de 2023, les civils tués en Ukraine dépassent les 10 000 et les civils blessés sont plus de 18 680. Selon Eurostat 4,2 millions de réfugiés d’Ukraine sont enregistrés dans l’UE.

La Télévision militaire bulgare, chaîne du Centre d’information du ministère de la Défense, prépare une série documentaire consacrée aux deux ans de l’invasion russe en Ukraine, intitulée « Lettres de la guerre ». Son premier épisode, « Le pouls de l’Ukraine », est déjà prêt, il est écrit et réalisé par la Bulgare de la région de Bessarabie (partagée entre la Moldavie et l’Ukraine) Tétyana Stanéva. Comment ce projet a-t-il vu le jour ?

Des représentants du ministère de la Défense m’ont d’abord contactée pour consultation, parce qu’ils voulaient faire un film à l’occasion des deux ans de la guerre en Ukraine, mais ils ne savaient pas comment procéder, raconte Tétyana dans une interview par téléphone depuis Kiev. Je leur ai dit que j’avais une idée et un plan pour un tel film. Au début il devait être d’une durée de 26 minutes, mais finalement sa durée est devenue 52 minutes, pour que les histoires que nous avons filmées et que nous filmerons puissent faire partie de cette série.

Tétyana Stanéva n’en est pas à son coup d’essai. Elle a une longue expérience de scénariste et réalisatrice et dirige le Festival de cinéma ethnographique international « OKO » (Œil) où elle a présenté l’année dernière un film tourné par des bénévoles sur la ligne de front où, tout comme dans « Le pouls de l’Ukraine », l’auteur dirige la caméra sur soi :

A travers moi je montre les personnages que je rencontre : des amis qui sont morts, qui vont au front ou qui y sont déjà. Dans les autres épisodes je pense revenir au premier jour pour montrer comment la guerre a commencé. Nous étions tous paniqués, mais nous nous sommes habitués aux alertes aériennes. Elles sont quelque chose d’imprévu, mais on arrive à les intégrer dans notre quotidien. Après quelques mois de guerre on a vu rouvrir les théâtres, les magasins et les supermarchés. Les gens ont commence à revenir dans la capitale après la fin de l’occupation de la région de Kiev et la vie y est retournée à la normale en mai 2022. Notre idée est de montrer aux gens comment nous vivons.

Tétyana veut envoyer par le biais de la série « Lettres de la guerre » un message aux Bulgares qui considèrent toujours la guerre en Ukraine comme un problème entre deux États qui ne concerne pas l’Europe et le reste du monde :

On ne peut pas rester indifférent et regarder ce qui se passe en Ukraine comme un spectacle derrière une vitre. Les gens doivent comprendre qu’ils sont directement concernés. En montrant des Bulgares qui combattent ou vivent leur vie civile je veux poser la question : est-ce que quelqu’un est interpellé par ce qui se passe avec la diaspora bulgare en Ukraine et par les conséquences de la guerre pour nous ? Les Bulgares en Ukraine sont un pont entre les deux pays, et donc la guerre là-bas ne peut pas être quelque chose de lointain qui ne nous regarde pas.

Crédit photos: FB / Tetiana Staneva, Olexander Baron

Version française : Christo Popov