Randonnées en Bulgarie du Nord-ouest : le monastère de Lopoucha Saint Jean-Baptiste

Dans la pittoresque vallée de la rivière Dulgodelska Ogosta, dans les replis de la partie ouest de la Stara planina se dresse dignement le monastère de Lopoucha Saint Jean Baptiste ou comme on l'appelle aussi le Précurseur, monastère classé au patrimoine culturel national. Derrière ses murs de pierre, épais et solides se cachent la troisième plus grande église monacale portant le nom de Dormition de la Vierge, les bâtiments avec les cellules monastiques, les beaux balcons avec des porches et une antique fontaine toute blanche.

Le monastère continue à fonctionner et il est abrite toujours une fraternité de moines. Si vous êtes tentés de jeter un coup d’oeil sur ce refuge de la spiritualité, vous y accéderez par une route pittoresque entre les villes de Montana et de Chiprovtsi. Sur place, vous serez accueillis par le moine Hristodul, un homme disert dont les histoires ressusciteront le passé du monastère.

Sur l’emplacement de l’actuel monastère il y avait autrefois un autre monastère datant du Moyen âge. Nous ne savons pas très bien quand exactement il a été construit car il a été incendié en 1688 lors de l’insurrection de Chiprovtsi et rien n’est resté de lui après les troupes turques. En plus des immeubles, toute la bibliothèque et toutes les archives du monastère ont été détruites. « Pendant 150 ans ça a été un véritable désert ici », ajoute avec beaucoup de peine le moine Hristodul et poursuit sa narration de l’histoire de la sainte demeure.

« En 1850, le premier higoumène (supérieur)du monastère Dionysos, pour les registres de l'état civil Dimitar Tonchov de la ville de Berkovitsa, reçoit un grand héritage de ses parents. Il se consacre à l'Eglise et investit tout son héritage dans la construction d’une église et des cellules des moines. Elles n’ont pas survécu aux aléas du temps et l’aile méridionale a été rénovée dans les années 80 du siècle passé. La construction des ailes occidentale et septentrionale est imminente. A cette époque l’higoumène avait emmené un maçon au monastère de Rila pour lui montrer l’église lde à-bas qui devait servir de modèle pour le nouveau temple au monastère de Lopoucha. Ils n'avaient pas pris du papier et le maçon n’avait pu copier les plans et s’était efforcé de garder tout de l’architecture de l’église-modèle dans sa mémoire. A leur retour, les travaux de construction ont débuté mais peu à peu l’abbé s’est rendu compte des différences que son chantier présentait par rapport à l’original. Il décida alors d’envoyer le maçon une seconde fois au monastère de Rila. A cette époque les voyages se faisaient soit à pied, soit en carriole tirée par des bœufs. Mais la distance jusqu’au monastère de Rila était de 300 km et cela faisait un long voyage. Mais le supérieur tenait bon à son idée. Lors de sa deuxième visite, le maçon avait confectionné une maquette de l’église, il avait tressé le modèle en osier et avait utilisé de la cire pour reproduire certaines décorations architecturales. Des ingénieurs du bâtiment qui ont inspecté notre église estiment qu’elle est une copie exacte de celle du monastère de Rila. Les photos le prouvent également ».

L’église porte le nom de Dormition de la Vierge. Vu d’en haut, le toit représente une croix, explique le moine Hristodul. Toutes les icônes ont été peintes par les peintres Stanislav et Nikolay Dospevski qui ont appartenu à l’école de Samokov. Toute la population dans les villages alentours a fait des dons pour que les icônes soient peintes. Ceux qui n’avaient pas d’argent, traversaient à pied la montagne pour apporter aux peintres des œufs qu’ils utilisaient pour les peintures. « La technologie au jaune d’œuf a fait que les icônes soient bien conservées voila 150 ans », explique le moine Hristodul. L’iconostase de l’église est très précieuse. Stoycho Fandukov de l’école de Samokov en est l’auteur.
« A cette époque les maîtres avaient des apprentis qui travaillaient pour eux.

L’iconostase est faite de bois de noyer qui n’a toujours pas perdu ses couleurs initiales et naturelles. Il n’y a pas de vernis, des peintures, des résines, il n’y a pas eu de travaux de restauration et de conservation. Cette sorte de bois contient de l’iode qui ne permet pas aux insectes de détériorer et de ronger le bois. Il semble que l’artiste connaissait une technologie spéciale qu’il a utilisée car le bois aurait dû tomber en poussière ces 150 ans. Mais vous pouvez vous-mêmes voir dans quel état parfait il se trouve aujourd’hui et on dirait qu’elle vient d’être confectionnée et aménagée. Tous ses ornements ont été photographiés et sont conservés dans un catalogue spécial consulté par les jeunes artistes qui font leurs premiers pas dans la sculpture du bois ».
L’énorme séquoia se dressant devant l’entrée de l’église est l’endroit préféré pour faire des photos. L’arbre a été planté par les moines en 1937 à l’occasion de la naissance de Siméon de Saxe Cobourg Gotha, héritier du roi Boris III. Le fameux centre de fabrication de tapis de Chiprovtsi se trouve également à proximité du monastère de Lopoucha. Les conditions, par ailleurs, pour la pêche à la ligne dans la région sont excellentes.

Version française : Vladimir Sabev

Partager

Randonnées en Bulgarie du Nord-ouest : le monastère de Lopoucha Saint Jean-Baptiste

Tous les articles

Pamporovo inaugure sa saison estivale...

Les Bulgares réclament désormais plus de luxe et d'extras pour leurs vacances d'été

Batak, la belle ville des Rhodopes à l'histoire dramatique et à la nature enchanteresse

Pamporovo inaugure sa saison estivale...