Quel serait le portrait de la femme bulgare d’aujourd’hui si on se tournait vers les chiffres de la réalité? Selon les statistiques, les femmes bulgares, en nombre, sont un peu plus que les hommes, elles forment un peu plus de 50% de la population. Mais celles qui ont un emploi sont à peine 42%. Les conséquences de la crise économique mondiale et la baisse de la production se font ressentir surtout par les femmes. « Ce sont 185 000 d’emplois de perdus par rapport à 2008, l’année de l’avant-crise », affirment les experts de l’Union des Syndicats indépendants de Bulgarie. Le taux de chômage chez les femmes, selon Eurostat, a augmenté à la fin de 2013 et dépasse déjà les 12%. Le chômage chez les jeunes touche fortement les jeunes femmes bulgares. Près de 43% des femmes dans notre pays sont sur la paille depuis plus d’un an. Les employeurs femmes ne sont que 26%. Toujours est-il qu’il existe au moins un indice qui nous place à la tête du classement en Europe. Selon les statistiques de la CE, les femmes ont une participation de 16% aux conseils d’administration des plus grandes entreprises de Bulgarie, alors que la moyenne européenne est de 14%.

Qu’en est-il du rôle majeur de la femme que la nature lui réserve, à savoir de donner la vie ? On peut dire qu’elle repousse de plus en plus dans le temps la naissance ses enfants. L’âge moyen de la première naissance est de 26 ans et deux mois, en 2001 il était 23 ans et huit mois. Cela fait déjà longtemps que la famille bulgare ne compte qu’un seul enfant. Les cas de familles avec plus de deux enfants sont une rareté. Et encore un peu de statistique. Selon une étude sociologique, citée par les syndicats indépendants bulgares, chez nous une femme sur quatre a subi des violences conjugales. « La femme bulgare se sent et se perçoit toujours en situation inégale dans la vie politique et économique, soumise à une concurrence déloyale, au harcèlement psychologique et physique tant bien à la maison que sur le lieu de travail », considère le président de la Confédération des Syndicats Indépendants de Bulgarie, Plamen Dimitrov.

Voici deux témoignages différents de deux femmes bulgares :

« Je suis allée dans de nombreux pays, mais le foyer n’est qu’un seul », c’est ce que nous confie une quadragénaire qui a connu le goût de l’émigration pendant huit ans et qui est rentrée en Bulgarie, comme elle dit « pour toujours ». « Ce que nous avons – le foyer, les proches, c’est le plus important, et rien ne peut les remplacer. Je voulais voir comment on vit dans les autres pays. Car c’est ainsi seulement qu’on peut faire la différence et apprécier ce qu’on possède réellement. Comparées aux autres Européennes, nous sommes des magiciennes, parce qu’on peut faire avec peu d’argent beaucoup de choses. La Bulgare a toujours su être en même temps protectrice du foyer, mère et épouse, sans oublier de suivre sa carrière professionnelle et de prendre soin d’elle, ce qui est très important. »

Mais selon une avocate dans la cinquantaine, qui chaque jour est à la rencontre de destins différents, voici ce que doit faire la Bulgare:
« Elle doit réfléchir un peu plus et se révolter contre la médiocrité et la laideur de notre société en remettant au goût du jour nos traditions. Ainsi seulement les choses dans la société et dans la famille pourront avoir une chance de s’arranger. »

Version française: Sia Karaguiozova