Sofia, cette ville antique, dans laquelle Constantin le Grand avait bâti sa résidence et parlait d’elle comme de « sa ville de Rome », garde aujourd’hui encore une des plus anciennes églises au nom de Saint Georges, connue sous le nom de la « Rotonde Saint-Georges ». L’édifice lui-même est le plus ancien bâtiment antique relativement bien préservé à Sofia, qui depuis presque 1 700 ans est un témoin muet des événements dans la ville.
De par ses caractéristiques architecturales et les pièces de monnaie retrouvées lors des fouilles archéologiques, la rotonde « Saint-Georges » date du début du IVème siècle. À cette époque-là la ville était impressionnante – avec de nombreux édifices publics aux façades somptueuses en marbre, tels des temples, des thermes et des bâtiments administratifs, apparus au cours des deux siècles précédents, c’est-à-dire depuis qu’elle est proclamée en 106 en tant que « municipium » et devient la capitale de la province de « Thrace Intérieure ». Mais à l’époque de l’empereur Constantin on construit déjà presqu’exclusivement avec des briques et la rotonde est un bon exemple de la nouvelle architecture. Le bâtiment lui-même se dresse sur les fondations de bâtisses plus anciennes, situées dans la partie administrative de Serdica – connue aujourd’hui comme le « Quartier constantinien ». À côté de la rotonde se trouvait la salle de délibération du conseil municipal (buleuterion), semblable à un petit théâtre couvert pour spectacles musicaux (odeon). La rotonde « Saint-Georges » est le seul bâtiment de cet ensemble ayant survécu jusqu’aujourd’hui.
Pour quels besoins la rotonde avait-elle été construite ? Très peu de fragments de la décoration picturale initiale ont été préservés – des ornements végétaux et un rideau plissé en guise de décoration, qui cependant ne dévoilent rien au sujet de sa destination.
Les pièces du bâtiment sont ordonnées symétriquement autour de l’axe Est-Ouest, correspondant au réseau de rues rectangulaire. La pièce circulaire (la rotonde) a un diamètre d’environ 9,50 mètres et une hauteur de 14 mètres. Elle est éclairée par huit grandes fenêtres, ayant été rétrécies plus tard.
Les premières études sur la rotonde « Saint-Georges » sont entreprises par l’éminent historien et archéologue bulgare le prof. Bogdan Filov durant les premières décennies du XXème siècle. Il publie ses recherches en 1933 et il est d’avis qu’il s’agit de thermes romains. Mais il a tort, parce que ses conclusions se fondent seulement sur des fouilles partielles. M. Filov suppose que les pièces découvertes font partie d’un seul bâtiment, dans les niches duquel il y avait eu de petites piscines, ce qui est visible aujourd’hui encore.
En 1939/40 sont entreprises des recherches à plus grande échelle, qui expliquent qu’il manque des pièces obligatoires pour les thermes romains. Mais à quoi servaient alors les piscines ? Dans des sources turques il est question d’un « puits miraculeux » à l’Est de la rotonde, qui était connu depuis longtemps.
Autre supposition – la rotonde aurait été consacrée à des martyrs chrétiens (martyrion), et dans les piscines elles-mêmes on effectuait un lavement rituel des reliques.
Le destin du bâtiment a été inconstant. Après son édification il est utilisé pendant moins de 200 ans. La coupole, tout comme les voûtes des pièces latérales étaient tombées et pendant de longues années il était en ruines. Des historiens supposent que cela s’est passé lors des invasions des Goths à la fin du IVème et des Huns au Vème siècles. Il est plus probable que le bâtiment, comme beaucoup d’autres, soit devenu la victime d’un tremblement de terre, comme celui de 518. Ce n’est qu’au Xème siècle, quand Serdica se trouve désormais dans les frontières du Premier Royaume Bulgare, que le bâtiment est restauré en tant que temple, recouvert de nouveau de peintures murales et plus tard proclamé en tant qu’église métropolitaine.
Pendant la domination ottomane il est transformé en mosquée et ce n’est qu’après le rétablissement de l’État bulgare que l’ancienne fonction du bâtiment est rétablie.
Aujourd’hui la rotonde « Saint-Georges » se trouve presque cachée derrière de gros édifices de l’époque du stalinisme, mais reste une des perles architecturales de la capitale bulgare et une source de mystères…
Version française : Tsvetan Nikolov
Photos: Archive
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