Le 2 juin, la Bulgarie rend hommage à Christo Botev, poète et révolutionnaire de talent, un des grands noms dans l’histoire de la Bulgarie dont la contribution est essentielle pour les guerres de libération du joug ottoman. Le 2 juin est aussi proclamé Journée des combattants pour la liberté et l’indépendance de la Bulgarie. Il vit à une époque chargée de révolutions et de secousses sociales, qui fait engendrer les idées de démocratie sur le Vieux continent.

La poésie de Christo Botev est inspirée de l’exploit de tous les soldats connus et inconnus ayant sacrifié leur vie pour leur patrie. D’aucuns lui trouvent une parenté romantique avec lord Byron ou encore Sandor Petöfi. Il fait partie de l’émigration révolutionnaire en Roumanie, et en 1874-1875, il entre au Comité central révolutionnaire bulgare dont il devient une des figures de proue. Toujours en Roumanie, il édite les journaux « Parole des émigrés bulgares », « Znamé »/Drapeau/, « Boudilnik »/Réveil-matin/, ainsi que le premier numéro de « Nouvelle Bulgarie ». Ses articles sont consacrés aux problèmes et tendances de la politique balkanique et européenne. Christo Botev considère l’avenir du monde comme une grande fratrie, une union de peuples et Etats libres fonctionnant sur le principe de l’autonomie démocratique et de l’équité sociale. Ses articles, pamphlets et feuilletons sont des perles d’écriture…

Christo Botev est aussi un des guides de l’Insurrection d’avril de 1876, point culminant des guerres de libération des Bulgares de l’empire ottoman. Début avril 1876, Christo Botev, Nikola Obréténov et Guéorgui Apostolov décident de former un grand détachement qui devait entrer en Bulgarie aussitôt après la proclamation de l’insurrection. Le poste de voïvode est confié à Christo Botev et celui de commandant militaire à Nikolas Voinovski. A la mi-mai les préparatifs sont déjà terminés. Le 28 mai, Christo Botev et une partie des insurgés montent sur le bateau autrichien Radetzki qui dessert une ligne régulière sur le Danube. Les autres volontaires se joignent à eux aux autres ports. Le détachement est divisé en plusieurs groupes pour ne pas attirer l’attention des autorités roumaines. Le 29 mai, Radetzki est occupé par les révolutionnaires qui obligent l’équipage de jeter l’ancre sur la côte bulgare, non loin du village de Kozlodoui. Le voïvode adresse une lettre en français au capitaine du bateau. Ce dernier souhaite plein succès aux insurgés bulgares dans leur mission. Quelques jours plus tard, la compagnie d’insurgés arrive au pied du Balkan de Vratza. Christo Botev est tué dans un combat acharné et la plupart des insurgés périssent ou sont arrêtés. Seuls une dizaine de révolutionnaires réussissent à quitter la Bulgarie pour se réfugier en Serbie ou en Roumanie.

La Journée de Christo Botev est marquée pour la première fois en 1876 en Roumanie, où c’est un de ses compagnons de combat, Stéphane Stambolov, organise des commémorations. En Bulgarie, c’est en 1884 que deux villes bulgares, Vratza et Plovdiv lui rendent pour la première fois hommage. A cette époque, le Sud de la Bulgarie fait partie de la région autonome de Roumélie orientale avec pour capitale Plovdiv. Mais il faut attendre 1993 pour que la journée de Botev soit officialisée et que plus de vingt ans plus tard, les commémorations fassent toujours l’unanimité chez les Bulgares.

Version française: Sonia Vasséva