Presque toujours les concerts que Krassimir Gatev donnait, comprenaient au moins deux styles diamétralement opposés. Il parvient à réaliser cette idée par une étude très large des œuvres et de leur époque. Dans une interview, conservée aux Archives sonores de la Radio Nationale Bulgare, le pianiste raconte:

„Je m’efforce à faire en sorte que le ton sonne de la manière, de laquelle j’aimerais l’entendre – qu’il ne soit pas abrupt, ni trop doux. Je vise à obtenir un son réel. Je recherche la diversité des timbres et des couleurs différentes. Si on divise la musique en des tons séparés, ceci ressemblera à la lecture de mots séparés, sans qu’on pense aux mots, aux phrases et aux propos. Une de mes règles de base, c’est que le musicien doit parfois parvenir à sentir avec son esprit et à réfléchir avec ses sentiments.”

„Le piano, c’est tout pour moi – à la fois un ami et parfois un partenaire pas très agréable, mais je ne peux pas vivre sans lui” – des propos de Krassimir Gatev. Parallèlement à son activité d’interprète solo, il se consacre aussi activement à l’enseignement:

„Pour moi la musique elle-même a toujours été la plus importante – dit l’interprète. La musique s’est transformée en ma „première nature” au fil du temps. Elle constitue une parfaite harmonie et pureté, aussi bien de sentiments, que d’intelligence. Une chose, qui ne pourrait pas être falsifiée.”

Dans une interview, donnée quelques années avant son décès, le pianiste énumère quelques moments inoubliables et confie quel est le goût du succès:

„Si je devais me rappeler des moments sublimes, ce seraient les concours, que j’ai passés – „Marguerite Long” à Paris, „Reine Elisabeth” à Bruxelles et autres. Mes rencontres avec de jeunes musiciens, des concerts dans de grandes salles mondiales, comme celle de la Philharmonie de Berlin, toute une série de représentations à la Scala de Milan, suivie d’un disque vinyle avec Raina Kabaivanska. Mon interprétation dans la salle „Tivoli” au Danemark, les nombreuses représentations que j’ai eues en Belgique, en Grèce et dans d’autres pays. En ce qui concerne le succès, parfois il peut être assez amer, mais il y a aussi des insuccès qui peuvent s’avérer agréables. Un succès ou un insuccès ne rend pas la personne plus grande ou moins grande.”

Interprète ayant des intérêts pour tous les styles dans la musique, Krassimir Gatev est connu aussi en tant que grand connaisseur de l’œuvre des fils de Jean-Sébastien Bach. 

Version française : Tsvetan Nikolov