Né à Sofia en 1924, il lui a consacré 40 ans de sa vie, tout d’abord en tant que joueur de tamboura (vièle des Balkans) et par la suite en tant que directeur artistique.

« Je dois énormément à Filip Koutev que j’ai connu personnellement et qui m’a appris à aimer l’art du folklore authentique ainsi qu’à la section des petits chanteurs Izvortché où j’ai travaillé depuis sa création en 1961, se souvient Mikhaïl Yordanov. - J’ai eu à choisir entre deux professions et le choix que j’ai fait, je l’ai fait avec mon cœur ce que je ne regrette pas un instant. La musique traditionnelle est pour moi une source inépuisable d’énergie. L’Ensemble d’Etat Filip Koutev a été créé par des musiciens, des personnalités qui portaient dans leur cœur cette force, cette magie du folklore. »

Malheureusement, Mikhaïl Yordanov nous a quittés l’été dernier à l’âge de 90 ans, mais il a légué aux générations de musiciens des centaines d’arrangements de chansons folkloriques, de pièces, de danses. Mikhaïl Yordanov était architecte de formation. Il préparait son diplôme et il jouait de la tamboura dans les restaurants, car à l’époque il faisait partie du quartette de joueurs de tamboura bien connu de Radio Sofia, le nom de la Radio nationale bulgare d’alors. Un jour on lui propose de se présenter au concours d’admission à l’Ensemble de chants et de danses folkloriques et c’est ce qui donne le coup d’envoi à sa vie de musicien professionnel.

A l’initiative de Filip Koutev, Mikhaïl Yordanov et ses collègues se consacrent à l’éducation des petits chanteurs et instrumentistes de la première formation de petits chanteurs Izvortché. Mikhaïl Yordanov se souvient des propos du grand folkloriste et compositeur Filip Koutev dans un entretien qui est resté dans les archives sonores de la Radio nationale bulgare :

« Il nous avait dit : si cette œuvre n’est pas léguée aux enfants, on peut dire qu’elle se perdra pour toujours. Car l’avenir c’est là. » Quelle perspicacité il avait, comment il avait vu l’avenir du folklore. Je lui suis très reconnaissant de la confiance qu’il m’a accordée. Pour moi aussi, l’Ensemble Filip Koutev a été une grande école. J’enseignais aux enfants et j’apprenais beaucoup d’eux en retour. Il y a une grande différence entre les musiciens qui se spécialisent dans un domaine donné et leurs collègues qui ont des intérêts multiples et sont plutôt des touche-à-tout. A Izvortché, nous recrutions tous les ans de nouveaux petits chanteurs, les enfants y apprenaient non seulement à chanter, à danser et à jouer des instruments folkloriques. Nous invitions souvent des musiciens qui faisaient de la musique classique et c’est ainsi que nos petits artistes prenaient conscience que la musique est un univers à elle seule et qu’il faut respecter l’art sous tous ses aspects. »

Version française : Roumiana Markova