Nous avons demandé à Richard Trimborn, conseiller artistique sur l’approche stylistique et musicale, de nous en dire plus sur ce spectacle.

« Nous avons commencé à travailler ensemble, il y a environ un an. A la différence d’autres opéras de Wagner, « Tristan et Isolde » met en scène moins d’action, au profit d’une plus intense expression langagière des émotions. C’est un véritable défi pour la mise en scène. Mes compliments vont aux artistes de l’Opéra de Sofia qui non seulement ont donné tout leur talent, forces, inspiration, enthousiasme dans cette réalisation, mais aussi ont su voir au-delà du texte. Ils l’ont fait d’une manière qui mérite une franche admiration, car ils ont ainsi réussi à monter une sorte d’Everest dans l’art ».

Deux chefs-d’orchestre contribuent à cette mise en scène : Velizar Gentchev, que le public bulgare connaît bien et Constantin Trinks, directeur musical du Théâtre national de Darmstadt, en Allemagne.

« C’est pour la première fois que je suis invité à travailler à l’Opéra de Sofia et je suis très impressionné par l’épaisseur donnée par les interprètes bulgares à cette œuvre de Wagner. J’ai rencontré un grand enthousiasme et beaucoup d’attention dans le travail. Cet opéra n’a jamais été mis en scène en Bulgarie, ce qui a rendu notre tâche encore plus difficile. Je sais que le cycle de quatre opéras « l’Anneau des Nibelung » de Wagner a rencontré ici un vif succès. Je suis heureux de travailler ici sur « Tristan et Isolde » et de cueillir les fruits de mes cinq années d’expérience du style allemand ».

La soprano Tsvetana Bandalovska qui joue Isolde, nous a exprimé sa vive admiration du travail du chef d’orchestre Constantin Trinks : « La relation de confiance est très importante entre artiste et chef d’orchestre », nous a-t-elle confié. Pour elle, ce spectacle est le grand événement de sa carrière.

« Pour moi, « Tristan et Isolde » c’est l’opéra des opéras, car il porte le mystère de l’âme humaine. Dans la scène finale, mon héroïne pénètre dans une nouvelle dimension, elle s’envole pour un autre univers. Là-bas vivent d’autres créatures, tout est sous une autre lumière. De fait, l’interprète doit avoir tout sous contrôle. »

Mariana Tsvetkova est l’autre interprète d’Isolde sur la scène de l’Opéra de Sofia. Elle a aussi partagé ses émotions avec nous :

« Jouer Isolde, c’était le rêve de mes années de classe au Conservatoire et c’était il y a longtemps. Je suis très reconnaissante à Plamen Kartalov de m’avoir aidée à réaliser ce rêve. Cette oeuvre nous plonge dans la vraie magie de l’amour. Dans ma carrière, c’est le huitième opéra de Wagner dans lequel je joue un rôle important. Apparemment je l’aime beaucoup. »

Les spectacles accueillent toutes les semaines le public des Sociétés wagnériennes qui viennent d’Allemagne. Le directeur de l’Opéra de Sofia, Plamen Kartalov nous a confié qu’il élargi le répertoire du théâtre à dessein. Aux côtés des œuvres italiennes, françaises et russes, il y a aussi le répertoire allemand. Le prochain défi pour lui c’est « de ramener notre Wagner en Allemagne, et nous sommes en train de travailler sur ce projet ». Cela est prévu pour septembre prochain, au théâtre de Füssen, au cœur de la Bavière. 

Version française : Miladina Monova