Le Parlement bulgare a approuvé la tenue d’un référendum le 25 octobre prochain, en même temps que les élections municipales. Le peuple sera consulté sur une seule question : « Etes-vous pour ou contre le vote à distance par voie électronique ? » Ainsi, les députés ont rejeté les deux autres questions qui étaient proposées par le Président Rossen Plevnéliev et approuvées par 570 000 citoyens bulgares, qui l’année dernière avaient accordé leurs signatures au texte de proposition de référendum. Les deux autres questions portaient sur le vote obligatoire lors des élections législatives et sur l’introduction d’éléments majoritaires dans le scrutin électoral. Ainsi, pour la deuxième fois en un an, la proposition de référendum à trois questions du Président a été rejetée.
Les arguments du chef de l’État étaient les suivants : le référendum sur le vote obligatoire est tout aussi important que le changement de la Constitution. Les politiciens doivent laisser les citoyens décider de quelle façon ils souhaitent élire leurs représentants au Parlement.
« Ces dernières années nous sommes témoins d’un processus de perte de légitimité des institutions politiques, des partis, et du politique en tant que tel, ce qui est très inquiétant, a indiqué Rosen Plévnéliev. - Une des raisons c’est que beaucoup de gens ne croient plus que leur voix a de l’importance et que chacun peut contribuer au changement en s’exprimant lors du vote. Or, la démocratie donne aux citoyens la possibilité de participer directement aux prises de décisions. Pour regagner la confiance des citoyens, il n’y a pas d'instrument meilleur que le référendum ».
Lors du débat au Parlement, certains députés ont proposé diverses rédactions des questions sur le scrutin à éléments majoritaires et sur celle du vote obligatoire, mais lors du vote elles n’ont pas passé. Le Parti socialiste a demandé à ce que la moitié des députés soient élus sur le principe majoritaire et pour qu’ils n’aient droit qu'à un seul mandat. Le PS a proposé aussi de demander lors du référendum si le vote obligatoire, dans le cas où il est approuvé par une majorité, doit être passible de des sanctions pour ceux qui ne votent pas. Yanaki Stoilov, député du PS a expliqué cette proposition :
« Si pour le citoyen il n’y a aucune conséquence de l’abstention, même si le vote devient obligatoire, nous n’arriverons pas à augmenter le taux de participation ».
Le Mouvement des Droits et des Libertés (MDL) a proposé que l’élection des députés s’effectue entièrement au scrutin majoritaire. Ainsi, le leader du MDL Lutvi Mestan fait le commentaire suivant :
« Le MDL ne peut pas devenir complice d’un changement du système électoral qui servira les intérêts de la première force politique du pays, laquelle cherche à s’assurer une majorité parlementaire à tout prix. »
Dans les couloirs du Parlement on spécule sur l’échec de la proposition de référendum à trois questions. Certains se demandent si ce résultat n’est pas dû à un arrangement en coulisses entre le MDL et GERB, les députés du second n’ayant pas apporté massivement leur soutien à la formule du président, en échange du soutien du MDL sur la réforme constitutionnelle. Or, il est apparu que presque toutes les formations politiques n’aiment pas l’idée d’introduction d’éléments majoritaires dans l’organisation du scrutin.
Lors du vote, on s’est rendu compte que certains partis n’ont pas tenu leurs promesses et n’ont pas soutenu la question sur le scrutin à éléments majoritaires, comme il l’avait annoncé. Tsvetan Tsvétanov de GERB a ainsi exprimé sa déception de la volte-face de ses partenaires politiques du Bloc réformateur :
« Pour ce qui est du scrutin à élément majoritaire, les réformateurs ont voté d’une manière qui n’était pas correcte à l’égard des 570 000 personnes qui ont signé la pétition en faveur du référendum. C’était eux qui allaient recueillir des signatures et qui soutenait la proposition de référendum, lorsqu’elle était déposée au Parlement. Je ne sais pas quand est-ce qu’ils sont sincères ».
De son côté, Petar Slavov du Bloc Réformateur a expliqué que pour ce qui est du vote obligatoire, les députés de son groupe avaient des positions divergentes. « Certains des collègues ont voté « pour », d’autres « contre » ou se sont abstenus, car ils craignaient que cette question ne soit pas en conformité avec la Constitution ».
A la fin, le Président a pris la parole pour dire que l’Assemblée nationale n’a pas tenu entièrement compte de la volonté déclarée du peuple bulgare qui veut être celui qui détermine les règles d’élection de ses représentants au Parlement. « Plus d’un demi-million de citoyens se sont déclarés pour l’organisation d’un référendum sur ces trois questions, qui sont essentielles non seulement au processus électoral, mais aussi au développement démocratique du pays ». Il a ajouté que chaque formation politique porte la responsabilité de ses actes.
Version française : Miladina Monova
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