On n’a pas été étonné lorsqu’il y a une semaine la Bulgarie a fait un nouvel emprunt de 2 milliards d’euros. Pour le citoyen lambda ce n’était qu’une nouvelle parmi d’autres, les experts n’étaient pas surpris, car le ministre des Finances Vladislav Goranov avait ordonné la souscription de l’emprunt quatre jours après que la Banque centrale européenne ait baissé son taux directeur à 0% et ait annoncé un nouveau paquet de mesures d'encouragement fiscal. On nous a expliqué que ce sont les meilleures conditions pour effectuer l’emprunt, car les euro-bons ont été placés en deux tranches : une de 7 ans d’une valeur de 1.144 milliards d’euros, qui rapportera 2.156% par an et une sur 12 ans de 850 millions d’euros, qui rapportera 3.179 % d’intérêts.
Le montant total du nouvel emprunt est de 1.994 milliards d’euros et selon le ministère des Finances cette transaction sur le marché des obligations est la plus importante pour les régions d’Europe centrale et orientale, le Moyen Orient et l’Afrique pour cette année.
Pour les investisseurs ce fut une bonne affaire, apparemment la demande a été à hauteur de 3,6 milliards d’euros, c’est-à-dire plus importante que l’offre. Cela a aussi fait baisser le taux d’intérêt. Mais d’autre part c’est une bonne chose pour l’emprunteur, c’est-à-dire l’Etat bulgare et les contribuables. Avec ce marché de la dette, l’Etat bulgare a presque atteint le plafond d’endettement public autorisé pour cette année, qui est de 3,9 milliards d’euros. Rappelons que cette méthode du ministère des Finances qui consiste à emprunter le total de la somme autorisée était mise en place l’année dernière, lorsqu’en mars également l’Etat bulgare a vendu les titres de la dette souveraine pour 3,1 milliards d’euros, en les plaçant sur 7, 12 et 20 ans, ce qui rapporte respectivement 2.17%, 2.73% et 3.26% d’intérêts. La demande sur le marché des dettes souveraines était tout aussi grande, les demandes d’émission d’obligations dépassaient les 5 milliards d’euros.
Rappelons que l’année dernière il a été décidé que durant trois ans (2015-2017) par la médiation de plusieurs banques internationales, la Bulgarie émettra des titres d’une valeur de 8 milliards d’euros. A cette époque le Parti socialiste a alerté que les prochaines générations vont porter le fardeau d’une nouvelle dette, quel que soit le taux d’intérêt actuel. En 20-30 ans, avec l’effondrement démographique, ces 8 milliards vont devenir 30 milliards.
GERB au pouvoir depuis des années, nous explique que cette émission de dette ne se fera que pendant trois ans et que cet argent ira pour couvrir de vielles dettes et pour financer le déficit budgétaire. Mais pour cette année fiscale, il n’y a pas que la dette sur les marchés extérieurs. Le ministère des Finances a prévu de faire un emprunt d’environ 500 millions d’euros auprès de banques sur le marché national. Ainsi, selon nos dirigeants, nous allons pouvoir sécuriser de l’argent pour soutenir le secteur bancaire, qui dernièrement est soumis à des stress-tests et des contrôles sans précédent. Mais, restons tranquilles, nous dit-on encore, il n’y a pas de danger de crise financière, cet argent ira dans la réserve fiscale et on l’utilisera pour couvrir les titres de la dette en 2017 !
Comme on le sait des manuels d’économie, la dette en soi n’a rien de grave, ni de mal, surtout lorsqu’elle sert non pas à combler des déficits dans des secteurs à perte, mais à relancer la croissance et le marché du travail. Dans ce dernier cas, elle finit par rapporter. Mais ce n’est pas le cas chez nous, même si on nous rassure que par rapport à notre PIB, notre dette souveraine est peu importante. Cette année, elle va augmenter de 10 fois pour atteindre les 33% du PIB, alors que le plafond autorisé est de 60%. Cela fait de nous les bons élèves de l’Europe, mais jusqu’à quand ? La Direction générale sur les questions économiques et financières auprès de la CE prévient que dans 10 ans la dette dépassera les 40% du PIB. Espérons que d’ici là notre stratégie économique aura changé.
Version française : Miladina Monova
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