La troupe de théâtre « Classe » est une formation artistique indépendante créée en 2013. Elle réunit 20 personnes en fin d’études à l’Académie de théâtre et de cinéma dans la classe du grand comédien Ivaylo Hristov. Les jeunes choisissent le nom de « Classe » car il se situe dans la continuation logique de leurs relations bâties durant les quatre ans passés ensemble à l’Académie. Ils aiment travailler ensemble bien que parfois cela soit assez difficile, comme ils le reconnaissent eux-mêmes. Leurs points de vue sur le théâtre sont similaires et pour cette raison ils décident de ne pas se séparer comme il arrive normalement, mais de devenir encore plus proches – en tant qu’artistes professionnels cette fois-ci. Nous nous sommes entretenus avec quelques-uns d’eux immédiatement après une longue répétition dans l’atelier de théâtre SFUMATO. Voici leurs témoignages sur les débuts de leur projet commun et sur leur travail collectif sur scène:

„Le professeur Ivaylo Hristov nous a dit que nous sommes déjà une véritable troupe de théâtre et que ce que nous avons réussi à faire est extrêmement précieux. Il nous suffit d’échanger un regard pour nous comprendre et ceci est très important pour le travail sur scène. Il nous a recommandé de rester ensemble comme collectif car dans les théâtres professionnels on s’efforce de construire de véritables compagnies tandis que nous l’avons déjà réussi. Nous avons commencé à produire nous-mêmes des spectacles. Pour le moment l’accent tombe sur des textes classiques. Nous avons commencé avec « Le Misanthrope » de Molière, une comédie très distinguée. Nous avons essayé de faire des parallèles avec le présent. Ensuite nous avons réalisé « Le songe d’une nuit d’été » de Shakespeare. Les sujets sont éternels et ne changent pas avec le temps“ – évoque Victoria de la compagnie de théâtre « Classe ».

L’objectif de la compagnie est d’inspirer les jeunes en Bulgarie et faire revenir le public dans les théâtres avec des spectacles de qualité et provocants. «Les obstacles sont une source d’enseignement », ont avoué les jeunes artistes en dévoilant que les préparatifs pour la plupart des spectacles sont entièrement de leur responsabilité – les décors, l’éclairage, les costumes, le maquillage qu’ils font tous seuls en s’entraidant les uns les autres. Il est arrivé même de faire des répétitions pour des spectacles dans les appartements d’artistes de la troupe. Mais qu’est-ce qui les pousse pour aller de l’avant ?

„Quand c’est arrivé, nous avons vécu notre première comme un moment de vrai bonheur. Quand le spectacle s’est terminé et que nous sommes sortis pour remercier le public, ça a été un bonheur incroyable de voir comment tous seuls en partant de zéro nous avons réussi à faire tout cela. On se rend compte que c’est possible et que cela arrive. Le public était absolument exalté“ –se rappelle Vitoria et Dragomir d’ajouter – „Il y a des gens de ma troupe qui ne viennent que pour contrôler les billets. Ils oublient leur travail et font des kilomètres rien que pour donner un coup de main à leurs collègues. C’est dans de tels moments que nous montrons que nous sommes ensemble et que ce qu’on fait en vaut le coup. “

Le bonheur et la satisfaction sont grands mais les problèmes guettent de partout et dans ce cas précis il s’agit avant tout de problèmes d’ordre financier. D’où vient l’argent nécessaire à la compagnie de théâtre?

„De deux principales sources – le ministère de la Culture et la Mairie de Sofia. Les budgets alloués ne sont pas énormes quand on sait que les gens qui veulent faire des choses indépendantes sont nombreux. Cet argent couvre 20-30% des frais et nous avons besoin de sponsors. Mais les compagnies privées en Bulgarie sont assez réticentes “ – explique Dragomir.

Récemment, la « Classe » s’est associée à une initiative caritative. Les moyens financiers collectés durant le spectacle « Songe d’une nuit d’été » ont servi à financer le traitement médical d’une fillette malade de paralysie cérébrale. Grace à la compagnie de théâtre et à d’autres personnes généreuses, la mission a eu du succès.

La compagnie « Classe » envisage à l’avenir de nombreuses manifestations en espérant que 2016 sera une excellente année pour eux et que les obstacles financiers seront plus facilement surmontés. Les enthousiastes rêvent également de leur propre et permanente scène pour leurs spectacles car jusque-là chaque pièce est jouée à différents endroits. Au niveau personnel, les trois jeunes que nous avons rencontrés, rêvent de succès sur scène, de tournages de films au cinéma, de voyages à l’étranger. Ils sont persuadés que l’idée d’organiser davantage de festivals internationaux avec des participants de différents pays est une idée fantastique pour l’échange d’expérience.

Version française: Vladimir Sabev