Des scandales jamais vus qui ébranlent tous les piliers sur lesquels s’appuie le système national des transports viennent s’ajouter aux réformes chaotiques et échecs dramatiques dans la santé publique, l’énergie, l’éducation nationale. En effet, les transports automobiles, aériens, ferroviaires, internationaux et domestiques, urbains et inter cités se retrouvent face à d'incroyables scandales de corruption. On se demande comment le ministre des Transports Ivaylo Moskovski et son chef, le Premier ministre Boyko Borissov arrivent à avaler et digérer cette avalanche immangeable de pots de vins, abus de pouvoirs, et autres détournements de fonds publics, etc.
En fait, tout a commencé l’année dernière mais la tempête s’est déclenchée de toute force au cours des premiers mois de l’année 2016. Sans beaucoup d’efforts au niveau des explications et des arguments capables de convaincre les automobilistes, les prix de la vignette donnant le droit de circuler sur le réseau routier national et municipal ont subitement été augmentés de 48% et la vignette annuelle coûte maintenant autant que la retraite sociale mensuelle, soit environ 50 euros. Et pourtant les routes longues de quelques 20 000 km ne sont pas devenues forcément meilleures et à certains endroits elles sont carrément dangereuses pour la santé des passagers et pour leur voiture. Et malgré cette envolée de presque 50% des prix, les autorités ne promettent rien de bien consistant en termes d’amélioration des routes cette année. Dans ce cas, pourquoi donc on a rendu les vignettes aussi chères, se sont demandés beaucoup d’automobilistes et ont finalement décidé de ne pas en acheter et de rouler jusqu'à ce qu’ils se fassent verbaliser par la police.
Quelque chose de semblable est arrivé également dans l’aviation civile. Il s’est avéré que quelques compagnies aériennes privées et quelques pilotes (même d’avions gouvernementaux) ne possèdent pas la formation et la qualification requises, encore moins les diplômes à l’appui. Il n’y a pas que cela. Les inspecteurs chargés justement de vérifier et de veiller au strict respect des exigences légales eux-mêmes n’avaient pas les qualités professionnelles exigées. On a à toute vitesse limogé le chef de l’administration de l’aviation civile.
Sort identique pour le maire adjoint en charge des transports de la ville de Sofia et du chef de la compagnie des transports publics de la ville après avoir été soupçonnés à la TV de corruption, provoquant avant cela l’immense colère de la plus grande ville du pays où habitent 1/3 de la population du pays avec leur ahurissante décision d’augmenter de 60% le prix du ticket pour toutes les sortes detransports publics urbains. Il reste encore environ un mois jusqu’à l’entrée en vigueur de cette décision et de nombreux sofiotes espèrent que le bon sens triomphera et que les autorités reviendront sur leur décision, d’autant plus que les adeptes les plus fervents de cette folie ont été écartés. Les espoirs d’une éventuelle révision de cette décision sont grands car il existe des précédents encourageants à ce niveau et ce au plus haut de la hiérarchie gouvernementale. Les camionneurs internationaux bulgares qui ont été durement frappés par le blocus de près de deux mois de la frontière par les fermiers grecs cet hiver ont décidé de riposter et de fermer à leur tour la frontière pendant les prochaines fêtes de Pâques orthodoxe en coupant de cette manière les flux de touristes dans les deux sens. Cette décision a terrifié le secteur du tourisme en Bulgarie et en Grèce car ils attendent plusieurs centaines de voyageurs pour ces fêtes en fin de semaine. C’est justement sous la pression des voyagistes que le Premier ministre Boyko Borissov a réussi à convaincre les routiers bulgares d’abandonner leurs plans de contre-blocus. Il n’y a maintenant que les compagnies de transports réguliers en autocars qui restent mécontentes et qui ont protesté hier à Sofia et Varna avec des défilés de centaines de bus sur les grands boulevards des deux villes en perturbant de cette manière le trafic automobile. Mais ils n’acceptent pas l’introduction du péage sur les autoroutes uniquement pour eux persuadés que cela asphyxie leur business face à la concurrence déloyale.
A tous ces malheurs du secteur des transports en Bulgarie viennent s’ajouter les problèmes chroniques et de longue date des transports ferroviaires. Cette crise est permanente à tel point que personne ne fait plus attention aux nombreuses infos dans les médias sur des locomotives en feu ou sur des trains déraillés. Heureusement que ces accidents innombrables ne font que rarement des victimes humaines.
Toute cette pagaille dans laquelle sont impliqués les transports en Bulgarie est révélatrice de plusieurs choses et de plusieurs problèmes. Mais il y en a un qui saute aux yeux. Il s’agit de l’échelle et de l’ampleur de la corruption qui, comme il semble, est partout et dirige tout et tous dans le secteur public. A tel point que le chef du parti GERB au pouvoir et Premier ministre du pays Boyko Borissov s’est vu obligé lors de la dernière conférence nationale de son parti d’être aussi dur et franc que possible en avertissant sérieusement qu’il n’aura de pitié pour personne des siens, au moindre soupçon de corruption.
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