De tradition chiite, les alévis vénèrent l’oncle du prophète Mohamed - Ali ibn Abi Talib. Leurs pratiques religieuses les différencient beaucoup des sunnites, majoritaires en Bulgarie, mais aussi du chiisme tel qu’il est repandu aujourd’hui. L’alévisme regroupe des communautés hétérodoxes qui revendiquent une quête ontologique et spirituelle, comprenant des éléments ésotériques. L’objectif est le perfectionnement de l’âme. L’alévisme reprend des éléments des anciennes religions pré-islamiques et se classe dans la généalogie des traditions soufies. Dans la tradition anatolienne, l’ordre Bektâchî est le plus connu.
Les alévis n’ont pas l’obligation des cinq prières par jour, ni du pèlerinage à la Mecque. Leur concept est de développer la foi dans le cœur. Leur lieu de culte n’est pas la mosquée mais le cemevi ce qui signifie lieu de rassemblement. Dans les pratiques religieuses les femmes ne sont pas séparées des hommes et tous prient ensemble. Pour les alévis, les turbés ou tombeaux de saints musulmans sont des lieux de reccueillement et de culte préférés. Ils prêchent l’amour et la tolérance envers l’autre, quelle que soit sa religion. Ils prêchent la pauvreté et l’humilité et se tiennent à l’écart des tentations du pouvoir et de la société. Pour Guéorgui Koulov, les alévis sont des gens de vérité car ils érigent la vérité en culte.
« Le problème de la diversité ethnique et religieuse des Rhodopes est toujours d’actualité. Ce qui m’a intéressé c’est la communauté alévie parmi les Bulgares musulmans, au sein de laquelle les gens sont très solidaires. Historiquement ils sont minoritaires et durant des siècles très mal considérés par le pouvoir central ottoman. Actuellement le sujet est aussi d’actualité au Proche Orient. Bachar Assad par exemple est issu de l’alévisme, qui là-bas est beaucoup plus ancien que dans les Balkans. En Bulgarie, les représentants de cette communauté sont très bien intégrés, ils occupent souvent des postes de responsabilité ».
En ce moment, il existe un certain négativisme de la société envers l’islam, dû au phénomène terroriste. Il est important dans ce contexte de connaitre mieux l’alévisme en Bulgarie qui est une tradition de tolérance et d’amour universels. L’historien est très reconnaissant au chef spirituel (baba) Sadoula Haïroula qui lui a donné beaucoup d’informations sur cette tradition dans les Rhodopes.
Les alévis occupent plutôt la partie orientale des Rhodopes, ce sont des paysans cultivateurs de tabac. Leur communauté est de plus en plus menacée de disparaître, car l’exode rural vide les villages. Dans les villes certains s’organisent dans des clubs, mais c’est plutôt rare. Lors de leurs rassemblements ils mettent en avant le principe d’égalité entre hommes et femmes, l’ouverture vers les autres, l’amour de la science, ce qui montre la face progressiste de l’Islam.
Version française : Miladina Monova
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