L’action se passe à Gabrovo, en 1847. Les nobles de la ville, dirigée par Vassil Aprilov(commerçant, écrivain et philanthrope) se réunissent en l’église de la "Sainte Trinité" pour collecter des fonds pour l’édifice de la première école laïque en Bulgarie. Le grand écrivain donne 2500 groches (monnaie ottomane). Mais il n'a jamais pu voir son action accomplie. Cette même année il meurt de tuberculose à Galati, actuelle Roumanie.

Des décennies plus tard le peintre Tzanko Lavrenov (1896-1978) reçoit une commande de faire un tableau à l’huile. L’œuvre porte le titre long "Gabrovo 1847 – la première réunion éducative en Bulgarie organisée par Vassil Aprilov lors de laquelle est prise la décision de construire le premier lycée en Bulgarie". La commande date des années 60 du siècle dernier et vient d’une usine de Gabrovo. C'est ainsi que voit le jour le chef d’œuvre de cette scène mémorable – sur fond de maisons de la Renaissance et dans l’ombre épaisse de la cour de l’église, les érudits décident d’investir dans l’éducation de la jeunesse.

Lavren Pétrov est le petit-fils du grand peintre. Nous lui avons demandé de nous raconter ce qu’il connait de l’histoire.

"Le scène choisie par mon grand-père immortalise Gabrovo et son histoire – la première réunion organisée par Vassil Aprilov, lors de laquelle est prise la décision de construire le premier lycée en Bulgarie. Nous pouvons voir au fond le vieux Gabrovo et la rivière. Bien évidemment le projet n’était pas de faire un tableau de paysage. La peinture est commandée en 1966, elle est achevée deux ans plus tard et en 1969 les habitants de Gabrovo sont tellement reconnaissants qu’ils honorent  Tzanko Lavrenov du titre "Citoyen d'honneur de Gabrovo".

L'esquisse faite au crayon a les mêmes proportions que la peinture à l’huile. Actuellement il est exposé au club littéraire "Péroto"(La plume) au Palais National de la culture. Malheureusement, c’est la dernière trace de l’œuvre de Tzanko Lavrenov. Après plusieurs décennies la peinture a disparu mystérieusement du hall de l’usine de Gabrovo au moment de sa privatisation. Mais cela n’est pas un cas isolé. Le même destin est arrivé à une centaine d’œuvres encore. C’est la raison pour laquelle le Palais National de la culture et la fondation "Tzanko Lavrenov" se mettent à sa recherche. C’est aussi dans l’espoir que le voleur va tenter de se racheter pour le 120e anniversaire de la naissance du peintre. A cette occasion la Galerie municipale de Sofia présente une exposition avec ses œuvres et prépare une édition de 400 pages "Récit difficile sur Tzanko Lavrenov et ses œuvres".

A ce propos, Lavren Petrov continu :

"L'étude et la découverte de peintures représentent une expérience très excitante pour moi. Par exemple le tableau du Monastère de Rila qui est à la Faculté de théologie de l'Université de Sofia. Nous avons réussi à trouver des peintures absolument inaccessibles chez des collectionneurs privés. C’était émouvant de retrouver dans une chapelle à Plovdiv une copie de l’icône miraculeuse de Saint Georges du monastère Zographe. Mon grand-père l’a faite en 1935 au Mont Athos et l’a apportée à Plovdiv à la demande du monastère. Nous découvrons sans cesse de nouvelles histoires. Je suis sûr que notre récit restera inachevé ».

Tzanko Lavrenov est né en 1896 à Plovdiv. Il n’a pas fait des études aux Beaux-Arts mais il a réussi à se dinstinguer comme l'un des meilleurs artistes de son temps - les paysages de sa ville natale, les dessins des monastères, surtout ceux du Mont Athos. Il expose à Prague, Budapest, Varsovie, Berlin - Est, Moscou. Il est aussi critique d’art. Il est mort en 1978 à Sofia.

Version française :Yana Tomova