En plein été, et alors que le monde est passé en mode vacances, à Sofia est arrivé le premier ministre grec Alexis Tsipras. Une visite qui devait avoir lieu en juin, mais qui a été repoussée de deux mois. Le ton a été donné par une réunion conjointe des gouvernements de Bulgarie et Grèce, qui semble avoir donné un nouveau souffle aux relations bilatérales qui tournaient ces dernières années au ralenti.

En effet, la dernière réunion s’est déroulée en 2012 et depuis, les deux pays, surtout la Grèce, ont dû faire face à une période de crise économique, à laquelle s’est ajoutée la crise migratoire qui a frappé de plein fouet les deux pays.

Si les deux pays ont laissé passer 4 ans avant de se revoir, c’est peut-être à cause de l’orientation politique différente de leurs gouvernements. En effet, le gouvernement de Boyko Borissov est un gouvernement de centre-droit, alors que celui d’Alexis Tsipras, se dit adepte des idées de la gauche radicale. Toujours est-il que d’après Boyko Borissov, même s’ils appartiennent à différentes familles politiques, les gouvernements à Sofia et Athènes « partagent les mêmes idées sur tous les dossiers de crise ». 

Commeons’yattendait, lesdiscussions à Sofiaontsurtoutporté surdesquestionséconomiques, avec un zoom sur le secteur énergétique et les infrastructures. Les deux premiers ministres ont évoqué le transport de gaz naturel depuis le port grec d’Alexandroúpolis, où sera construit un terminal, jusqu’à la Bulgarie. La Bulgarie se dit prête à participer à ce chantier, qui est lié à la connexion gazière mise en place pour raccorder les systèmes des deux pays.

Concernant les annonces et les intentions, notre attention a été attirée par l’idée des deux pays de construire une ligne de chemin de fer qui reliera les ports de Bourgas, en Bulgarie, et d’Alexandroúpolis, en Grèce. L’idée ne date pas d’hier, mais elle a été concrétisée lors de la visite d’Alexis Tsipras. Bien plus, elle sera complétée par des projets de construction de deux centres logistiques dans les deux pays. Le projet-rail entre la mer Noire et la mer Egée est plus que prometteur, surtout que la Grèce travaille déjà sur son tronçon entre Salonique et Alexandroúpolis, alors que les chemins de fer bulgares sont totalement compatibles avec ceux de la Grèce. Il lui reste juste à terminer le segment qui reliera les villes de Karnobat  et Bourgas, dans le Sud-est de la Bulgarie. Une mise au point est prévue en septembre, au niveau des ministères du transport et des administrations des affaires maritimes et ferroviaires des deux pays, avant que le projet ne demande un sérieux financement au titre du Plan Juncker. Toujours cet automne, les deux parties tenteront de régler une fois pour toutes le problème chronique des blocages systématiques de la frontière commune par les agriculteurs grecs, question, qui ce printemps encore, a été une source de tension entre Sofia et Athènes. La Bulgarie et la Grèce plancheront également sur les crues saisonnières de la Maritsa qui inondent de grandes parcelles de terres agricoles en Grèce, avec un engagement de la Bulgarie de veiller à ce que ses barrages soient pleins à 80%, pas plus ! En attendant, un système de prévention et d’alerte précoce sera mis en place entre les deux pays. 

Version française : Sonia Vasséva