Un peu plus d’un million de Bulgares à l'étranger ont transféré au cours des 8 premiers mois de l’année un peu plus de 500 millions d’euros. Dans le même temps, les investissements directs étrangers (IDE) en Bulgarie se chiffrent sur les six premiers mois de l’année à quelques 779 millions d’euros. Il semble dans cette optique que les plus grands investisseurs en Bulgarie soient les Bulgares de la diaspora, dispersée à travers le monde.

Ces deux chiffres peuvent être interprétés de différentes manières et les conclusions pourraient être autant positives que négatives. Mais la première chose qu’on devrait dire c’est qu’à l’heure actuelle les IDE en Bulgarie ne sont pas énormes – au total environ 1 milliard d’euros par an pour un PIB de presque 50 milliards. Ce n’est pas beaucoup, mais ça aurait pu être pire, diraient les optimistes. Et ils auraient raison, quand on sait que les possibilités du business national et des businessmen bulgares sont encore plus limitées, en raison de la faible capitalisation de l’économie bulgare, de sa maigre productivité et de sa décevante compétitivité sur les marchés internationaux. Dans sa majorité, le business en Bulgarie est constitué de PME qui ont de bien modestes possibilités financières et dont la majorité des efforts sont orientés vers la survie commerciale et physique. Ce qui fait que les ressources financières pour des investissements sont minimes, la culture et la pratique des affaires sont déplorables et à un très bas niveau. 

C’est pour toutes ces raisons que les autorités s’efforcent par tous les moyens d’attirer autant que possible de compagnies étrangères pour investir dans le pays – car à la différence de leurs consœurs bulgares, elles ont les moyens et elles arrivent encore à trouver des avantages compétitifs en Bulgarie. Il s’agit bien sûr en premier lieu des coûts de la production très satisfaisants, comprenez très bas, en raison de la main d’œuvre bon marché. Dans ce domaine il n’y pas moins cher dans toute l’Union européenne. La main d’œuvre était encore récemment non seulement peu coûteuse, elle était aussi qualifiée et compétente dans beaucoup d’industries. Mais aujourd’hui c’est justement cette main d’œuvre de bonne qualité qui est devenue l’investisseur étranger N°1 en Bulgarie, car elle a quitté le pays pour travailler à l’étranger.

Quoi qu’il en soit, les émigrés bulgares gagnent davantage que dans leur patrie ce qui leur permet d’aider matériellement leurs parents, enfants et autres membres de la famille qui sont restés en Bulgarie. C’est précisément à ce niveau que se situent les « investissements étrangers bulgares ».

Les “investissements étrangers bulgares » semblent importants en tant que pourcentage du volume total. Mais en faisant un calcul élémentaire, on s’aperçoit que les 8 derniers mois chaque expatrié-salarié a versé à la maison pas plus de 500 euros. Ce qui indique que de l’autre côté de la frontière, la vie non plus n’est pas très rose. Les plus grandes sommes viennent des expatriés aux Etats-Unis. L’Espagne et la Grèce sont également parmi les pays d’où viennent les plus grands flux financiers.

Le principal défaut du chèque envoyé par les expatriés bulgares dans le pays est que ce ne sont pas des investissements productifs mais tout simplement de l’argent destiné à la consommation courante. Cela ne signifie certainement pas qu’il n’est pas utile à l’échelle nationale. Bien au contraire, car l’impressionnante croissance de 3% du PIB cette année est due principalement à l’embellie de la consommation intérieure.

De nombreux experts et politiques commencent déjà de plus en plus souvent à se demander si le pays a réellement intérêt des exportations de main d’œuvre ou bien les dégâts sont plus grands. Il y a de l’argent qui entre en Bulgarie – d’accord, mais le pays est pénalisé sur le long terme, car il perd son actif principal et irremplaçable – les ressources humaines.