D’abord, le Bloc réformateur (BR) avait dit qu’il n’allait pas accepter le mandat pour former un gouvernement, tout comme GERB et le PS. Ce fut jusqu’à hier, lorsque, coup de théâtre, il l’a finalement accepté. Or, il ne suffit pas de déborder d’enthousiasme pour gouverner, encore faut-il trouver une majorité et pour le BR ce n’est pas possible sans le soutien d’un des grands partis représentés au Parlement. On en arrive à une situation dans laquelle le destin du porteur du mandat dépend de ceux qui l’ont déjà refusé.
GERB et le Parti socialiste ont refusé de former des gouvernements sous prétexte que cette Assemblée nationale n’est plus en état de constituer une majorité représentative, capable de s’entendre pour gouverner. Mais maintenant, le BR est d’avis qu’il est capable de proposer une formule viable pour une « majorité réformiste ». Il n’en reste pas moins que pour avoir une majorité il faut 50%+1 des voix des députés ou 121 votes, alors que le BR ne dispose que de 22. Ce minimum ne pourra pas être atteint, même avec le soutien de tous les partis de la formation plus les 84 voix de GERB. Donc, même si GERB acceptait, ce qui est loin d’être gagné, il faudra que les Réformateurs pêchent des voix chez d’autres et surtout chez le Front patriotique avec lequel ils étaient déjà plus ou moins en coalition lors du dernier gouvernement Borissov.
Or, les nationalistes sont fâchés, car ce n’est pas eux que le Président a mandaté en tant que 3e force, alors qu’à la présidentielle ils ont obtenu trois fois plus de voix que le BR. Ils reprochent au Président d’avoir cédé à des pressions extérieures. Le Front patriotique pose de plus certaines conditions : durcissement de la politique vis-à-vis des migrants et pour la défense des frontières, des mesures énergiques contre la délinquence domestique (qu’ils considèrent perpétuée surtout par les Roms) et l’augmentation de la retraite minimale. Notons que GERB a déjà refusé leur proposition d’augmentation de la retraite et le BR compte surtout sur GERB pour installer son gouvernement.
Une autre hypothèse existe : un gouvernement qui gouverne sans le soutien formel d’une majorité de 121 députés. C’est en fait la formule de la majorité flottante, basée sur les forces hors coalition qui vont et viennent selon la conjoncture – c’est ce qu’on a eu déjà avec le gouvernement Borissov 2. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a démissionné car GERB a jugé que cette configuration instable a épuisé ses ressources. Pour quelle raison GERB accepterait-il de faire avec le mandat du BR ce qu’il n’a pas fait lorsqu’il était lui-même mandaté ? On ne saurait le dire. Et n’oublions pas que toutes les composantes du BR ne sont pas d’accord avec cette idée, que les Démocrates pour une Bulgarie forte (DSB) de Radan Kanev sont catégoriquement contre de tels marchandages.
Donc, pour le moment pas de réponse de la part de GERB. Au Parti socialiste on pense que la tentative de former un gouvernement par le BR est une perte de temps pour tous et même le Président Plevnéliev a fait comprendre que la tâche sera très dure « mais qu’il faut essayer, car parfois 1% de chance peut se transformer en100% ».
Selon certains observateurs, les partis ne se hâtent pas non plus pour les consultations avec le BR pour repousser le moment où le Président se retrouvera dans la situation de nommer lui-même l’équipe gouvernementale intérimaire et pour que le temps venu, ce soit le nouveau Président qui se charge du fardeau.
Version française : Miladina Monova
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