Il y a un an, quatre aquarellistes bulgares ont fait le voyage en Inde, destination inconnue, véritable découverte pour les artistes. Selma Todorova, Aglika Gaytanikova, Ivan Dodov et Stéphane Tchoutchourliev ont représenté notre pays à la première édition de la Biennale Internationale de l’Aquarelle de Delhi. L’expérience qui les a le plus fortement marqués, selon leurs propres dires a été le plein air au pied de l’Hymalaya. Cette évasion de rêve a été rendue possible grâce à la Fondation d’Indologie „Est-Ouest“, à l’hôte de la session de plein air de la Maison de la Culture „Souchma“ , le Dr Caran Chawkan, de la Société Internationale d’aquarelle de Bulgarie et de l’ambassade de l’Inde à Sofia. Les tableaux dessinés lors du plein air ont été présentés en première à Varna et du 1^er au 31 décembre „India alla prima“ s’est invitée à la galerie Serdica de Sofia. L’exposition est dédiée au 70^e anniversaire de l’indépendance de l’Inde.

Le critique d’art Tchavdar Popov évoque le titre de l’exposition :

„Alla prima“ est un terme de peinture qui vient de l’italien et qui signifie « du premier coup ». L’oeuvre se crée de manière spontanée et dans l’improvisation, on trace un trait et on n’y touche plus. L’essentiel de cette technique est de préserver la fraîcheur de l’effet produit sur le public. Dans notre cas, „alla prima“ est un trait d’union, un lien, le dénominateur commun entre les artistes. C’est extrêmement positif, car l’accent est mis sur la grandeur du thème, la nature, l’architecture, les visages que l’on voit. Je citerai de mémoire le grand peintre Rockwell Kent qui dit que lorsqu’on est confronté à la grandeur de la nature on ne ressent plus le besoin de s’exprimer soi-même, mais au contraire de s’oublier, de se sublimer dans le sujet. C’est justement cette attitude que nous voyons ici.

Selma Todorova la commissaire de l’exposition :

J’ai toujours voulu me rendre en Inde et j’en ai fait part à la président de la Fondation d’Indologie „Est-Ouest“. C’est elle qui a eu l’idée de ce format. Le Dr Caran Chawkan avait enseigné à l’Université de Sofia Saint Clément d’Okhrid il y a une vingtaine d’années. L’été dernier il est venu en visite après une longue absence et il a beaucoup aimé nos aquarelles. Il nous a invités à nous rendre en Inde, l’idée nous a enthousiasmés et comme l’aquarelle est une passion nous avons profité de chaque instant de notre visite pour dessiner.

Pour moi c’est un rêve qui devient réalité, quelque chose que je voulais vivre et voilà c’est fait – dit Aglika Gaytanikova . - Ce fut un mois exceptionnel. Désormais je contemple les dessins l’âme apaisée, car là bas j’était très critique envers moi-même. Jamais je n’oublierai le sentiment qu’on ressent de se retrouver entre les sommets et les gens, la pureté de leur sourire et de leur regard.

L’Inde est le pays des surprises– dit Stéphane Tchoutchourliev. – On doit se laisser porter, rester ouvert à l’imprévu, improviser, se garder de toute idée préconçue. On travaillait comme dans un rêve. L’Inde est un défi, elle est terre des couleurs, la seule évocation de son nom est une explosion de couleurs.

J’en garde encore en moi la chaleur – le premier ressenti à notre accueil – dit Ivan Dodov.-Je n’avais jamais rencontré jusqu’alors des gens aussi chaleureux, d’une telle bonté. Mais ce qui me tient très fort aussi c’est la grandeur et la sérénité de cette chaîne majestueuse, l’Himalaya. La force qui s’en dégage m’a énormément aidé. Comme je ne pouvais pas l’escalader, je me suis élevé jusqu’en haut par la force de l’imagination. Tous les matins j’avais la chance d’observer le soleil qui se levait, son énergie flamboyante qui irradiait tout. C’est à peine croyable, mais je tiens à vous dire que tous les matins j’avais droit à 14 levers de soleil différents – les couleurs, la montagne, tout était fantastique, un vrai régal pour moi et un cadeau inespéré.

Version française Roumiana Markovа

Photos: Albena Bézovska