Après les fêtes de la Nativité de Jésus-Christ et du Jour de l’An, l’Epiphanie et la Saint Jean sont parmi les plus grandes fêtes d’hiver en Bulgarie. Elles nous font oublier le côté matériel de l’existence et exaltent la spiritualité et les valeurs éternelles de la vie – l’amour et le salut.Ces fêtes, connues dans la tradition populaire comme la Saint Yordan et la Saint Jean commémorent le baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain et la glorification de Saint Jean Baptiste, ou le Précurseur. A la veille de l’épiphanie appelée aussi théophanie (par les chrétiens orthodoxes) est célébrée la Grande bénédiction de l’eau en plongeant la Croix, symbole de la victoire de Jésus-Christ sur la mort par les prêtres qui récitent une prière spécialement pour l’occasion. A l’issue de la grande liturgie, sur la place devant l’édifice du Saint Synode sont bénis tous les drapeaux de combat et les unités militaires. Selon l’Eglise orthodoxe bulgare, l’eau bénite à l’épiphanie ou la Saint Yordan selon la tradition populaire, chasse les impuretés de l’esprit et du corps et tous les fidèles emportent des fioles de cette eau purificatrice à la maison et en boivent quelques gouttes s’ils tombent malades ou s’ils traversent des moments d’épreuves pendant l’année.

La bénédiction de l’eau est un rituel dont on témoigne depuis les temps les plus anciens. Encore au début du IIe siècle, Saint Augustin évoque la purification des eaux dont on se servait pour guérir les maladies du corps et de l’esprit. C’est pourquoi les prières dites par les prêtres sont non seulement une bénédiction pour les fidèles mais aussi une invocation au Saint Esprit en lui demandant de bénir l’eau, de la purifier. C’est pourquoi il est très important que le prêtre qui officie et qui s’adresse au Sauveur au nom des fidèles soit un homme de foi indéfectible, un homme qui s’est consacré à Dieu corps et âme. Il doit être un homme d’amour. Cet amour c’est Dieu lui-même et il est aussi l’Esprit. Grâce à l’amour on peut révéler le mystère trinitaire qui se dévoile à la Théophanie par le Père, le Fils et le Saint Esprit. A l’issue de la liturgie le prêtre emmène les paroissiens  au bassin d’eau le plus proche, jette la croix et demande aux jeunes et aux vieux à plonger dans l’eau pour la repêcher malgré le froid. Les anciens disent que si le temps est beau et clair, si la croix gèle dans l’eau l’année sera généreuse et les récoltes abondantes.

Fidèles à la tradition, les hommes de la ville de Kalofer dansent, le horo dans les eaux glacées de la Toundja en chantant et pour avoir santé et force toute l’année. Il est même question de présenter la candidature de cette ronde rituelle à la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO. La baignade traditionnelle dans les eaux glacées se poursuit le lendemain à la Saint Jean Baptiste– le dernier prophète du Vieux Testament appelé aussi le Précurseur, parce qu’il préparait l’avènement du Sauveur. Dans la tradition populaire à la Saint Jean les jeunes gars en âge de se marier entraînaient dans l’eau les jeunes filles, les jeunes mariées et les petits enfants pour les purifier, leur insuffler l’espoir dans des jours meilleurs et pour exaucer leurs voeux les plus chers.

Version française Roumiana Markova