1370 ans nous séparent de la disparition d’un des fondateurs de l’Etat bulgare, le khan Koubrat, ce grand souverain bulgare qui au VIIe siècle, réussit à fédérer les protobulgares dans une alliance militaro-tribale, appelée par la suite la Vieille Grande Bulgarie, qui s’étendait au Nord de la mer Noire et de la mer d’Azov. Les chroniqueurs parlent en des termes élogieux de cette Vieille Grande Bulgarie, qui a réussi à survivre aux vicissitudes du temps. Et le mérite en appartient incontestablement à la forte personnalité et aux capacités guerrières du khan Koubrat, qui réussit à mobiliser les forces patriotiques au sein des tribus protobulgares. Un véritable Etat du Haut Moyen-âge qui a existé de 630 aux années 660 environ.
De nos jours encore, les prouesses du khan Kroum réussissent à galvaniser l’enthousiasme de l’esprit national qui anime les milliers de Bulgares dispersés dans le monde et qui se réunissent sans faute au même endroit, au village Mala Pereshchepina, près de Poltava en Ukraine, là où il y a 105, ont été découverts le tombeau et le trésor du grand Koubrat. En effet, en 1912, tout à fait par hasard, deux enfants qui jouaient sur les dunes près de la rivière, ont sorti de la terre les premières pièces d’un trésor dont les objets en or massif pèsent plus de 20 kilos, et ceux en argent – plus de 50 kilos. Une partie du trésor a été exposée initialement au musée à Poltava, mais dès le début du XXe siècle, Staline ordonna son départ à la fonderie, à l’exception de quelques objets d’exception qui trouvèrent leur place au Musée de l’Ermitage en Russie. Ce même musée qui a sauvegardé une partie des objets personnels du khan Koubrat découverts dans sa tombe, sur l’emplacement du trésor. Tels le sceptre de Koubrat, ou encore son sabre de souverain et d’autres attributs de son pouvoir de khan.
De nos jours, ils sont des milliers les Bulgares qui vivent en Ukraine, descendants des communautés bessarabe et tauride et dont une partie participe à l’administration de la région, s’ils n’ont pas été élus députés au Parlement ukrainien. Et c’est au député Nikolay Gaber qu’appartient l’idée de valoriser et de promouvoir ce lieu saint pour tous les Bulgares, le tombeau du khan Koubrat. Cela commence par une plaque commémorative avant l’organisation en 2012 d’un rassemblement bulgare qui voit affluer plus de 3500 Bulgares du monde entier. Un nouveau rassemblement, encore plus imposant, est prévu cet automne, et à cette fin a été constitué un Comité d’initiative en Bulgarie et en Ukraine, dont la mission principale est de lancer une collecte pour pouvoir construire un complexe commémoratif à la gloire du khan Koubrat et de ses descendants.
„Je considère ce site en Ukraine comme la « Jérusalem bulgare », à cause de son importance pour la nation bulgare. Et j’espère que nous trouverons les moyens pour ériger ce mémorial qui rappellera à chaque Bulgare où sont ses racines, nous a confié le député bulgare Krassimir Bogdanov, président du comité d’initiative, côté bulgare, qui ne cache pas sa satisfaction de voir un grand nombre de ses collègues soutenir cette initiative et verser des dons.
„Le comité d’initiative des Bulgares jouit du soutien des autorités d’Ukraine, surtout celles de la région de Poltava, nous confie de son côté Délyan Damianovski , directeur exécutif de l’Association nationale des conseils municipaux de Bulgarie – Nous avons éprouvé une grande fierté de voir flotter le drapeau bulgare au côté du tricolore ukrainien, à la mairie de Mala Pereshchepina. C’est une région où la présence de la Bulgarie se fait sentir. Et les autorités ukrainiennes ne s’opposent ni à l’organisation du rassemblement, ni à l’idée d’ériger un mémorial en hommage au khan Koubrat.
„Nul ne conteste l’emplacement du tombeau du khan Koubrat, et j’espère qu’ils seront de plus en plus nombreux les Bulgares qui viendront s’y recueillir, nous dit Roumen Spassov, un Bulgare, qui vit depuis 20 ans en Ukraine et qui préside la Fondation « Khan Koubrat ». Il nous appartient de préserver et de promouvoir ce lieu saint, plutôt que d’attendre que les fonctionnaires des différents bureaux fassent le nécessaire. Le premier rassemblement bulgare date d’il y a 5 ans, cette année, nous en organisons un nouveau pour pouvoir concrétiser l’idée du mémorial à construire. Moi-même, je suis revenu en Bulgarie, avec l’idée de faire adhérer à cette idée le plus grand nombre d’adeptes et voilà que nous sommes déjà une trentaine à œuvrer en faveur de cette cause noble et hautement patriotique.
Récit : Sonia Vasséva
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