L’abeille est une merveille de la nature et sa ruche un modèle de gestion exemplaire de la vie quotidienne à tous les niveaux. Dans cette maison bien structurée chacun connaît ses droits et ses devoirs. La hiérarchie préside à la vie et aux mœurs de la communauté laborieuse. Les alvéoles accueillent un maximum de miel pour un minimum de cire indispensable pour leur formation. Le professeur Carl von Frisch, Prix Nobel de médecine et de physiologie a beaucoup étudié le comportement des abeilles. Il indique que les abeilles éclaireuses exécutent une sorte de danse pour indiquer aux abeilles pourvoyeuses la direction à suivre et trouver la source d’approvisionnement. Ludmil Savov qui est membre du Conseil d’administration de l’Union des Apiculteurs de Bulgarie nous parle du rôle des abeilles pour l’homme et la nature:
« Ces „ pharmaciens volants“, pour reprendre les mots d’un savant russe sont pour nous humains source de nourriture et de santé, grâce aux produits qu’ils nous fournissent. Ils trouvent une place sans cesse grandissante en médecine et aussi dans la prévention de nombre de maladies. Au Japon, en Chine, en Espagne on pratique de plus en plus l’apipuncture. Ici en Bulgarie nous nous commençons à nous ouvrir à ce type de soins. Les abeilles sont également source de profit pour la nature et les hommes grâce à la pollinisation qu’elles effectuent et qui impacte directement notre nourriture. Sans parler de l’importance de la pollinisation pour l’agriculture, les écosystèmes et la reproduction de la nature. C’est le rôle primordial des abeilles pour l’équilibre écologique de la nature. »
Malheureusement, elles sont très menacées au plan mondial. Ludmil Savov évoque les causes de cette menace :
« La pollution, d’une part et de l’autre – la baisse drastique de leur nourriture, et bien sûr les changements climatiques. Les superficies de terres agricoles traitées avec des pesticides et des agents chimiques ne cessent d’augmenter. La chimie détruit les mauvaises herbes qui servent elles aussi de nourriture aux abeilles lors de leur floraison. Et c’est l’équilibre nutritionnel qui en prend un coup dur. Un exemple tout simple – il y a une trentaine d’années nous avions quatre saisons bien distinctes. Or maintenant l’hiver est de plus en plus doux avec de moins en moins de neige. L’été est caniculaire et très sec. Et les abeilles doivent survivre dans ce milieu franchement hostile. Sans parler de la mode des néonicotinoïdes en agriculture, ces substances qui agissent sur le système nerveux central des insectes nuisibles. Ces substances traquent non seulement les insectes nuisibles mais attaquent aussi les abeilles qui butinent sur les cultures agricoles le nectar, le pollen et l’eau dont elles ont besoin. Les insecticides se retrouvent dans les produits apicoles, à très faible dose, il est vrai. Le poison n’agit pas immédiatement, mais les abeilles s’en trouvent affaiblies et il est possible qu’elles meurent au bout de quelques mois, surtout l’hiver. »
«Un documentaire anglo-britannique a démontré les causes de leur mortalité grâce à des radars ultra sophistiqués qui suivent les mouvements d’une famille d’abeilles. On place de la nourriture à 500 m et le radar suit le vol des abeilles. Il a été établi qu’en l’absence de néonicotinoïdes les abeilles volent presque en ligne droite depuis la source de nourriture jusqu’à la ruche. Et au contraire, si ces insecticides ont été placés dans la nourriture, ne serait-ce qu’à une faible dose, donc dans une situation réelle, les abeilles perdent leur sens de l’orientation et peinent à revenir à la ruche. Il arrive qu’elles s’égarent ce qui est une nouvelle cause de diminution de la population, de la perte et de la disparition de familles entières d’abeilles. »
Ludmil Savov affirme que les dernières études menées dans ce sens prouvent que les néonicotinoïdes peuvent être remplacés par des phéromones qui sont inoffensives pour les abeilles et qui combattent les insectes nuisibles. Une autre mesure efficace pour la préservation des abeilles est de planter des essences mellifères bénéfiques pour la nourriture des abeilles. Il faut penser aussi à améliorer la prophylaxie, à bannir les agents chimiques dans la lutte contre les infections parasitaires et à privilégier les méthodes biologiques pour veiller à la bonne santé des abeilles. En un mot comme en cent, c’est l’homme qui est le grand responsable de la mauvaise santé des abeilles et il doit faire tout ce qui est possible pour la préservation de cette précieuse espèce biologique.
Version française Roumiana Markova
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