Christiana Branzalova, une jeune fille moderne et cosmopolite, étudiante à l’Ecole polytechnique de Milan, spécialiste en d’architecture revient au village où deux de ses ancêtres, étaient maîtres d’école dans les années avant et après la Libération du pays en 1878. Motivée par l’enthousiasme propre à la jeunesse, elle se donne pour mission d’aider les habitants de Hvoyna à faire revivre l’école de leur village.
Le village de Hvoyna, dans les Rhodopes est le berceau de la famille nombreuse de Christiana Branzalova, d’où sa décision de remonter le temps et faire revivre l’école du village laissée à l’abandon. Elle construit son mémoire de fin d’année sur la vielle école qui porte le nom de Saint Cyrille et Saint Méthode et entreprend de fouiller dans les archives pour faire sortir de l’oubli histoires familiales, photos et documents.
« L’école mutuelle est à l’origine de l’histoire, elle a été bâtie en 1875 avec les matériaux qui restaient de la construction de l’église Saint-Elie. Trois ans plus tard elle accueillait ses premiers élèves – dit Christiana. – « Les élèves devenant toujours plus nombreux, en 1897 les villageois construisent une nouvelle bâtisse qu’ils baptisent “l’école jaune”. Les guerres balkaniques sont une époque difficile pour la population, la mairie n’est plus en état d’entretenir l’école. Et lorsque la vie normale reprend le village s’agrandit et Hvoyna se dote d’une troisième école ce qui fait qu’en 1945 les élèves disposent de trois écoles. »
Malheureusement de nos jours, les salles de classe sont vides parce que très peu d’enfants sont restés dans le village. Fait d’autant plus regrettable, que l’école qui a traversé les guerres, les famines et les épidémies n’est plus qu’une coquille vide, un édifice abandonné, vandalisé, à l’aspect lugubre. Des tas de papiers et de documents dispersés dans les classes, l’arrière petite-fille tombe sur le livret de travail de l’instituteur qui apprenait aux enfants du village à lire et à écrire et dont les anciens du village se souviennent encore.
«Le village de Hvoyna a été constitué autour d’un vieux genévrier (hvoyna en bulgare) près de la fontaine qui coule toujours » – dit Christiana Branzalova. Elle a même trouvé pas mal de photos anciennes. « A l’époque, les gens des villages voisins y venaient puiser de l’eau et un beau jour ils ont décidé de se poser pour toujours près de cette eau - source de vie. J’ai même déniché des photos des premières maisons.
Quant à la construction de l’école, chacun devait y prendre part, mettre la main à la pâte – même les enfants et leurs maîtres apportaient du sable de la rivière. Et en effet sur les photos on voit des enfants pieds nus, l’air morne et fatigué. Mais leur désir d’aller en classe était le plus fort, d’autant que c’était aussi le grand rêve de leurs parents. »
Et la jeune femme confie son amertume de voir que des édifices anciens, reflets de vies humaines ou ayant une valeur historique, faisant partie du patrimoine national sont laissés à l’abandon. Ce qui en Italie est absolument inconcevable, dit l’étudiante.
« Si un édifice existe depuis une centaine d’années, on le fait entrer dans le registre des monuments de la culture, même s’il n’est pas un vrai monument de l’architecture. Ce qui ne se fait pas chez nous, en Bulgarie. C’est de cette manière que des bâtiments anciens sont voués à la destruction, on peut changer leur statut et cela peut se faire sans encourir la moindre amende ou pénalisation quelconque. En Italie c’est impossible, j’ai deux exemples que je ne me lasse pas de citer – les colonies des jeunesses hitlériennes de Rovegno, en Ligurie, et une ancienne église de Ravenne. Sur le site de Rovegno ont péri 200 personnes mais les autorités ont pris l’engagement de sauvegarder le bâtiment. Quant à l’église, seuls les murs sont restés, mais ils ont été intégrés dans une boutique de vêtements d’un grand label et l’édifice a été ainsi préservé. Voilà un exemple à méditer en ce qui concerne l’école de Hvoyna. »
Depuis qu’elle a mis le pied à Hvoyna, Christiana Branzalova fait chaque jour la navette entre le village et Smolian, où elle passe son temps dans les archives de la ville. Accompagnée par les gens du village elle essaie de remettre en état le bâtiment de l’école, recueille souvenirs et documents, s’entretient longuement avec les anciens. Elle prépare la grande fête du village prévue pour le 18 et le 19 août et elle a trouvé un slogan fort “La pierre, héritage immortel”, alliant ainsi ses deux passions – l’architecture et le folklore. Son idée est de lever des fonds pour aider les travaux de réfection de l’école et elle la met en œuvre en organisant des expositions de documents d’archives, des concerts du club du village et du groupe folklorique des Bulgares de Milan, des concours culinaires pour le meilleur plat rhodopéen. Tout cela pour réaliser son grand rêve - faire revivre l’école du village de Hvoyna.
Version française Roumiana Markova
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