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Malgré de bons résultats financiers, l’industrie de l’armement bulgare peine à éviter les écueils du passé

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Photo: BTA

Il y a quelques jours, quelque 1000 ouvriers des usines d’armement bulgares « EMKO » ont manifesté contre le gel de la licence commerciale de leur site, ordonné par le Conseil interministériel de l’industrie de défense et de sécurité des livraisons d’armes. Cette mobilisation est dictée par la crainte d’un plan social qui ferait perdre leur emploi à de nombreux salariés de l’usine, même si le ministre de l’Economie Emile Karanikolov les a assurés que le site ne fermera pas, il suffit juste d’écarter toutes les irrégularités technologiques et de remettre à flot l’entreprise. A propos d’irrégularités, elles existent réellement, ce que ne nie pas le personnel de l’usine, et nous ne pouvons ne pas faire référence avec les mêmes tensions, qui se sont déclarées il y a quelque temps sur un autre site d’armement, l’entreprise « DUNARIT », qui a réussi à éviter les écueils et remettre à flot le business florissant. Force est de dire que le statut des deux entreprises en question est similaire – il s’agit d’usines privatisées qui deviennent les otages de procédures mal ficelées d’acquisition et de transfert de propriété. D’où les inévitables soupçons d’affaires louches, source de corruption.

Vu la spécificité du secteur de l’industrie de l’armement, les pouvoirs publics font la fine bouche et évitent de s’épancher sur le sujet. Car il s’agit de toute évidence de problèmes autrement plus graves que les manquements technologiques, liés au cycle de production. Ce qu’a laissé entendre, au demeurant, un leader syndical de la Confédération du Travail « Podkrépa », précisant que les «autorités compétentes » faisaient tout pour maintenir le business des armes sous le giron de l’Etat. A preuve, les allégations spéculatives sur de soi-disant  livraisons non réglementées de produits spéciaux à destination de marchés sensibles. D’ailleurs hier encore, le ministre de l’Economie n’a pas manqué de réfuter, une fois de plus, la thèse de la présence d’armes bulgares sorties des usines de Sopot, entre les mains des djihadistes syriens à l’assaut d’Alep.

Ce qui est paradoxal, c’est que les problèmes dans l’industrie de l’armement se manifestent à un moment où le secteur tout entier reprend des couleurs, après une longue période de morosité. D’après les données officielles, il y a trois ans, le chiffre d’affaires de l’industrie de l’armement bulgare était estimé à 200 millions d’euros, alors qu’en 2015 il a plus que triplé, atteignant 645 millions d’euros. Nous ne disposons pas encore des données officielles de 2016, mais les experts avancent le chiffre d’un milliard de dollars. Les sites de production d’armes affichent des résultats financiers enviables et embauchent à la pelle. Ce boom est certainement dû aux conflits militaires et au réarmement de zones sensibles, telles que le Proche-Orient, l’Inde, l’Afrique du Nord, mêmes si les contrats sont scrutés à la loupe par le Conseil interministériel de l’industrie de défense et de la sécurité des livraisons, qui tient compte des interdictions de fournitures d’armes à des pays déchirés par des conflits.

Version française : Sonia Vasséva




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