Le service militaire obligatoire a été supprimé en Bulgarie le 1^erjanvier 2008, après l’adoption par l’Assemblée nationale des amendements à la loi sur la défense et les forces armées, et à partir de cette date, l’armée en Bulgarie est devenue entièrement professionnelle. Malheureusement, cette décision a suscité pas mal de polémiques depuis, que ce soit sur l’état des forces armées bulgares ou la pénurie systématique d’effectifs.

Le président de la République et commandant en chef des armées, Roumen Radev a résumé les problèmes de l’armée et de ses recrues dans les termes suivants : absence de matériel et d‘équipements de combat modernes, pénurie de moyens pour la formation continue des effectifs, conditions sociale très précaire des enrôlés qui sont de moins en moins nombreux.

Je suivrai de près l’élaboration d’un programme de développement des capacités de défense des forces armées d’ici 2030 ainsi que la mise à jour du Plan national d’accroissement du budget de la défense jusqu’à 2% du PIB, d’ici 2024. C’est ce qu’a déclaré le chef de l’Etat en dressant le bilan de la première année de son mandat.

Le financement largement insuffisant de l’armée explique la pénurie d’effectifs, de l’ordre de 25% à 30%, répartis entre les secteurs de la défense et des forces armées. En effet, le salaire de base d’un soldat professionnel varie entre 325 et 350 euros, ce qui bien évidemment ne présente aucun intérêt pour les jeunes bulgares. Le gouvernement a décidé de trouver une solution au problème, en la personne du ministre de la Défense, Krassimir Karakatchanov, qui a proposé d’introduire un service militaire bénévole des jeunes gens de Bulgarie. Karakatchanov ne cache pas ses intentions de réintroduire le service militaire obligatoire /idée à l’ordre du jour en France également/, et estime que la formation militaire bénévole serait un premier pas en ce sens. D’après le ministre de la Défense, le système de la défense offre à l’heure actuelle 5500 postes à pourvoir, et une enveloppe de 15 millions d’euros a été allouée au secteur en difficulté. Il propose ainsi l’introduction du système suisse, offrant une formation militaire de 6 mois à tous les jeunes, après quoi ils constituent un ensemble de réservistes dont la formation est sans cesse renouvelée. Des heures de formation militaire doivent également être incluses dans le cursus scolaire :

Il s’agit actuellement de 5 heures de cours, sur des sujets théoriques et historiques qui sont largement insuffisants et qui ne donnent aucune idée concrète de la nature du service militaire, ses tenants et ses aboutissants…J’estime que ses heures doivent être augmentées et complétées de travaux pratiques. Une telle formation militaire nourrit le patriotisme des jeunes bulgares. Nous comptons lancer ce projet-pilote dès la prochaine rentrée scolaire, surtout dans les villes où il existe des écoles militaires ou de grandes casernes, où nous irons chercher des officiers qui joueront le rôle de formateurs.

Quant à l’idée du service militaire bénévole, Krassimir Karakatchanov a son avis:

Le retour du service militaire alimente de nombreux débats dans la société et j’estime, qu’à ce stade, il serait plus raisonnable de proposer ce qui figure dans le programme de gouvernance du parti GERB et du « Front patriotique », à savoir un service militaire, mais librement choisi, sans aucune contrainte. Tous les citoyens bulgares de plus de 18 ans, qui souhaitent entrer dans l’armée, pourront suivre une formation de 6 à 9 mois, après quoi, ils reviendront à leurs occupations habituelles…Je dois vous dire que tous les pays qui ont supprimé le service militaire obligatoire ont des problèmes de recrutement dans l’armée. La seule solution pour régler ce problème, c’est la réintroduction du service militaire obligatoire, comme c’est le cas chez nos voisins des Balkans, en Grèce ou en Turquie, où le service militaire est resté obligatoire, comme d’ailleurs en Autriche, ou en Suède et en Finlande où le service obligatoire a fait son retour depuis l’année dernière…C’est pour moi un processus inévitable et irréversible, a dit en conclusion Krassimir Karakatchanov.