Il y a trois ans, sur la piste d’athlétisme une jeune fille tape dans l’œil exercé de Stoyko Tzonov. Très douée, elle est faite pour le triple saut, il en est convaincu. Et un beau jour il insiste pour qu’elle s’y essaie. Après avoir expliqué la règle à la jeune fille - saut à cloche-pied, enjambée et saut - le résultat est époustouflant, une envolée qui fait craindre le record républicain.

Aujourd’hui, Aleksandra Nacheva, la jeune fille qui vole avec le vent prouve à chaque nouvelle épreuve qu’elle ne connaît pas de limites. A 17 ans elle compte à son palmarès toutes les distinctions pour son âge et il ne lui reste à conquérir que le titre européen. L’année dernière Aleksandra a pris la tête du classement mondial du triple saut et a vibré aux sons de l’hymne national aux JO de la Jeunesse et aux championnats du monde avec la meilleure performance de la s  aison…

« Aux championnats d’Europe Cadets à Györ en Hongrie, ma première épreuve pour l’année nous espérions remporter l’or, mais nous avons dû nous contenter de l’argent - dit-elle. Elle parle toujours au pluriel associant son découvreur et son entraîneur en signe de gratitude et de respect.  – Pourtant, une petite semaine plus tard nous avons réussi, et il s’agissait d’un enjeu beaucoup plus important et prestigieux – aux championnats du monde d’athlétisme juniors de Tampere en Finlande, nous l’avons remporté et cela a été une heureuse surprise. Mon entraîneur avait tout planifié pour qu’on soit au top. »

A son départ pour Buenos Aires, pour les JO de la Jeunesse Aleksandra affirme qu’elle vise l’or. Et rappelle qu’elle a une revanche à prendre, l’Espagnole Maria Vicente l’ayant devancée aux championnats européens de Györ. 

« Mon entraîneur a réussi à me motiver la veille de l’épreuve – j’y étais allée pour remporter l’or olympique, rien de moins et cette idée m’obsédait. Heureusement, il a réussi à me la faire sortir de la tête, il me répétait sans cesse qu’il fallait juste me concentrer sur les sauts qui m’attendaient. Et je suis sortie sur la piste complètement détendue, ayant mobilisé toute mon énergie et au second essai j’ai sauté 13,86 m. » 

Quant à Maria Vicente, elle est menée de 19 cm par notre championne nationale.

Quand on demande à Aleksandra de parler de ses débuts dans l’athlétisme elle répond invariablement que c’est l’athlétisme qui l’a choisie. Elle fréquentait le même jardin d’enfants que Nicole, la fille de la vice-championne  du monde Iva Prandjeva et quand Aleksandra a été inscrite à l’école les deux amies commencèrent à s’entraîner chez la célèbre athlète. Finalement elles se séparent, Nicole ayant choisi le basket-ball et Alexandra prend le chemin des épreuves pour enfants. Jusqu’au jour où elle est découverte par Stoyko Tzonov, entraîneur emblématique dans le triple saut. 

« Ses plus grands atouts sont deux – le talent de sauter et la volonté d’être la meilleure – dit son entraîneur. – Et quand les deux qualités ont été canalisées et renforcées grâce aux entraînements et à la persévérance les résultats n’ont pas tardé. Ils sont venus avec éclat. Je crois toutefois qu’on ne réalise pas pleinement ce qu’elle a réussi à faire sur une demi-saison /en 2018 N.DA./. C’est sans précédent. Il n’y pas un seul athlète qui ait gagné autant de médailles sur un temps aussi court - à des championnats européens, mondiaux et aux JOJ. »

Comme tout athlète Alexandra rêve de monter sur la plus haute marche du podium aux JO pour « adultes ». Elle ajoute pourtant qu’il serait d’une grande audace de s’attendre à remporter l’or à Tokyo l’année prochaine. Pour le moment elle se focalise sur le maintien des bons résultats de la saison écoulée et de progresser pas à pas. C’est d’ailleurs, le conseil que lui donne Tereza Marinova, notre médaillée d’or olympique au triple saut. Est-il plus facile d’avancer sur son chemin en suivant la tradition et en marchant dans les pas des champions qui t’ont précédée ?

« Ils sont les jalons qu’on doit atteindre et surpasser – estime Aleksandra. – Tereza Marinova a laissé derrière elle des records, je dois me dépasser pour les égaler et me construire. A ce jour, j’ai égalé toutes ses performances pour mon âge, mais elle compte un record du monde junior à Sydney – 14,62 m - que je dois améliorer sur les deux prochaines années. »

Aleksandra Nacheva aura-t-elle le bonheur d’entendre pour la deuxième fois l’hymne bulgare sur la plus haute marche du podium ? « Même si tu as tout fait pour, si tu as donné le meilleur de toi-même, si le bon dieu ne t’a pas désigné, c’est peine perdue, affirme son entraîneur.  

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