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3 mars : Fête nationale de la Bulgarie

Le jour de la liberté : quand les diamants jaillissent des cendres de l’histoire…

| Modifié le 04/03/20 à 14:33

Solidarité internationale et diplomatie de l’ombre

La défense d'Orlovo gnezdo à Chipka /Alexeï Popov/




La Bulgarie marque le 3 mars sa fête nationale. A cette date, il y a 141 ans, à San Stéfano, près d’Istanbul est signé un traité de paix qui met un terme à la guerre russo-turque de 1877-1878, permettant à la Bulgarie de renaître après 5 siècles de joug ottoman.

Le 3 mars est le couronnement de nombreux efforts et actions courageuses pour une Renaissance nationale. Le point d’orgue des combats de libération est certainement l’Insurrection d’Avril 1876. Ce soulèvement national est une illustration de la volonté et de la détermination des Bulgares de s’affranchir du pouvoir du Sultan. Malheureusement, cet acte militant est cruellement étouffé dans le sang et malgré les tentatives de la Sublime Porte Ottomane de minimiser le carnage, la vérité finit par éclater au grand jour. L’insurrection d’avril a une immense répercussion en Europe occidentale et en Russie qui prennent conscience de la nécessité impérative de venir en aide au peuple bulgare, un des derniers peuples chrétiens à souffrir de l’oppression politique et religieuse ottomane. Ainsi, le journaliste Januarius Aloysius MacGahan, se rend dans les régions où l’insurrection a éclaté et ne cache pas ses impressions.

L’appel à la solidarité est particulièrement fort en Russie, ce qui coïncide avec les aspirations séculaires de la monarchie russe de dominer les deux détroits-clé que sont le Bosphore et les Dardanelles. Et pour éviter un nouvel isolement dû à la guerre de Crimée, la Russie intensifie ses préparatifs diplomatiques pour mener une guerre contre l’Empire ottoman. Des pourparlers sont engagés avec les Grandes puissances et la Russie consent à quelques compromis. Mais l’empereur russe Alexandre II se retrouve les mains déliées et le 24 avril 1877 il déclaré la guerre russo-turque, libératrice de la Bulgarie…


Des combats particulièrement rudes et un compromis sur la paix …

Le général Gourko salue les volontaires /1877-1878, V. Goranov/

L’armée ottomane s’avère un adversaire de taille ! La guerre dure beaucoup plus longtemps que les Russes l’imaginaient. Plusieurs batailles cruciales sont livrées – celle près de Stara Zagora ou encore l’assaut du col Chipka, les combats de Pléven ou de la Stara Planina. L’armée russe, composée de soldats intrépides ukrainiens, biélorusses, finlandais, polonais et russes y laisse des plumes. La Roumanie, la Serbie et le Monténégro sont les alliés de la Russie dans cette guerre. Les volontaires bulgares grossissent les rangs de l’armée russe sur le col Chipka où est livrée une bataille à la vie à la mort / 21-26 août 1877/, contre les hordes de Suleyman pacha.  Après la victoire près de Pléven /décembre 1877/, qui met en déroute l’armée d’Osman pacha, le commandement russe envisage une marche en plein hiver à travers les Balkans. Tous les experts militaires jugent cette opération plus que périlleuse, mais elle se solde par un succès grâce au soutien massif des Bulgares.

Le 3 mars 1878 est signé le Traité de paix de San Stéfano, même s’il faut attendre que ses clauses soient validées par les Grandes puissances, qui le révisent quelques mois plus tard lors du congrès de Berlin. La Bulgarie est scindée en deux – les régions Nord du pays et le département de Sofia entrent dans la Principauté de Bulgarie, alors que les territoires au Sud de la Stara planina donnent lieu à une région autonome au sein de l’Empire ottoman, appelée Roumélie orientale. Les terres comprises dans la Macédoine et la Thrace d’Edirne sont restituées au Sultan. Le combat des Bulgares pour la réunification de leur pays prendra 4 décennies, avec des résultats plus ou moins mitigés…


La libération et ses aspects géopolitiques

L'assaut de la redoute de Grivitsa près de Pléven /1885, N.D. Dmitriev-Orenbourgski/

Le rôle de la Russie et sa politique dans les Balkans restent contestés dès le lendemain de la libération de la Bulgarie, lorsque l’élite bulgare se divise en deux camps bien distincts, le camp des russophiles et celui des russophobes. La Russie est connue comme un Etat autoritaire et intransigeant, alors que les idées révolutionnaires des Bulgares viennent des pays occidentaux. Toujours est-il qu’aucun représentant des deux camps ne nie l’importance de l’acte de libération de la Bulgarie du joug ottoman. C’est en 1888 que le 3 mars est proclamé Journée de la Libération, qui n’a jamais été remise en question, même dans les années 1915-18, puis entre 1941 et 1944. Mais il faut attendre 1991 pour que  le 3 mars devienne la Fête nationale de la Bulgarie. Et comme tous les évènements sont conditionnés dans l’histoire, la guerre de libération russo-turque n’aurait pas eu lieu si la Bulgarie n’avait pas connu sa Renaissance au 19e siècle… Et nos aïeux ont mis à contribution la Russie pour libérer leur pays. Car la géopolitique n’est pas une danse de l’amour, mais un jeu d’intérêts. Pour essayer d'enlever les cendres des diamants …

Récit : Sonia Vasséva

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