Il existe une période de la vie pendant laquelle nous ne voulons pas être dérangés. Il s’agit surtout de la façon dont nous nous réveillons le matin quand la journée ne fait que commencer et que nous nous devons de faire face à des tâches difficiles. Notre enfance est notre matin quand on est encore somnolent et qu’on est de ce fait calme – ce sont les propos de la peintre et écrivaine finlandaise Tove Jansson qui crée ses histoires peintes pour enfants en 1945. Notre contemporaine Heidi Efrat, toujours Finlandaise, joue avec les couleurs pour créer des peintures joyeuses, ce qui lui permet de ne jamais avoir l’impression de ne plus être enfant.

Elle est peintre mais elle n’arrête pas de voyager car le destin l’oblige à vivre et à travailler dans différents coins du monde. Elle passe son enfance en Finlande où elle fait des études de design, se rend ensuite en Allemagne et puis à Israël, aux Philippines et vit actuellement en Bulgarie avec sa famille. Son métier de peintre lui permet de travailler partout, de s’inspirer de tout ce qui l’entoure et de se redécouvrir constamment. Ses tableaux font partie de différentes collections privées dans tous les pays par lesquels elle est passée, dont depuis peu la Bulgarie. La dernière exposition de Heidi Efrat a été inaugurée il y a une semaine dans l’espace culturel « La maison de Sofia » où elle présente 20 de ses grandes peintures dont les dimensions sont de 100x120 cm, exposition qui y sera jusqu’au 15 janvier 2020. Heidi Efrat étudie les couleurs à sa propre manière, aime les superposer pour donner une profondeur et de la lumière à ses tableaux. La peintre souligne que des messages secrets y sont dissimulés dont le but consiste à ce que le spectateur se sente surpris mais surtout pas indifférent. Le mélange des couleurs est comme une thérapie pour l’âme – déclareHeidi Efrat. Ella a sa propre recette pour la création de l’art contemporain. On prend une couche de canevas, on y ajoute ensuite des peintures qu’on mélange. C’est à cela qu’on incarne une idée lointaine et à peine perceptible. Il est très important de mettre à contribution notre imagination également. Ainsi tout est à sa place, les couleurs sont équilibrées et la peinture est terminée quand les yeux qui la regardent ont le sentiment de se reposer, alors que la pensée trouve ses propres sentiers qui la conduisent au récit créé par l’artiste – raconte Heidi Efrat.

La nature en Bulgarie m’inspire également beaucoup dans mon métier de peintre. J’en ai été vraiment surprise car ne m’imaginant pas que votre pays est à tel point incroyable. La plupart des tableaux que j’expose sont peints en Bulgarie. Avant d’arriver ici je n’avais pas de spéciales attentes et ne savais rien sur la Bulgarie mais je me sens aujourd’hui très heureuse d’être ici. Les gens sont très communicatifs, c’est très facile ici d’être soi-même. Les Bulgares sont de plus des gens très chaleureux, très curieux et très hospitaliers. Je suis à Sofia avec mes deux filles qui viennent souvent dans mon atelier, m’aident et peignent en même temps que moi. Elles se rendent régulièrement aux expositions et adorent parler art. Il est fort possible qu’un jour elles s’acheminent dans la même direction que moi mais ce qui importe le plus c’est de suivre leur propre intuition et de faire elles-mêmes leur choix. J’ai choisi de m’occuper d’art moderne mais je ne me limite guère dans un seul genre. Souvent je peins de manière très abstraite, une autre fois mes œuvres sont plutôt réalistes, je me focalise parfois sur les détails. C’est une question d’humeur et d’imagination, l’inspiration venant d’elle-même. Je crois que les tableaux ne sont pas dépendants de l’endroit, ni du temps, ils sont même en mesure de modifier leurs formes dans les yeux du spectateur. L’art est né à des moments de confusion, d’aventures et d’émotions, tout comme la vie réelle. Le dévouement et l’honnêteté du peintre finissent par avoir pour résultat quelque chose d’épatant et de réaliste qu’on peut voir sur la toile.

Version française : Nina Kounova