Le ministre de la Défense et vice-premier ministre à la sécurité Krassimir Karakachanov a exprimé sur Radio Bulgarie sa conviction que l’OTAN et l’UE vont finir par régler le contentieux gréco-turc. Dans une interview face au micro d' Ivo Ivanov à la fin de l’année dernière, le ministre a donné la réponse suivante à la question de savoir si la Bulgarie réussira à faire face à la pression migratoire:
„La frontière avec la Turquie est sous contrôle et restera sous contrôle, car en plus de la police aux frontières nous pouvons utiliser l’armée pour la surveillance de la frontière. Dans ce domaine, la volonté du gouvernement est claire et ferme – ne pas permettre que de grandes masses d’immigrés clandestins arrivent dans le pays. La Grèce est beaucoup plus vulnérable car elle a des frontières maritimes énormes et ils ne peuvent pas procéder comme nous sur les îles. Pour nous il est plus facile de surveiller la frontière et pour ce faire, nous avons pris de sérieuses mesures. Je suis convaincu que sauf une provocation ouverte de la part de quelqu’un qui envoie sur nos frontières des centaines de milliers de personnes, nous ne devrions pas être préoccupés d’autant plus que même dans un cas pareil nous serons en mesure de réagir. “
Les mécanismes de l’OTAN seront-ils capables de maîtriser la tension aux portes de la Bulgarie entre les pays alliés la Grèce et la Turquie?
„Ils le feront car la tension entre la Grèce et la Turquie est due à des intérêts économiques. Il s’agit plus spécialement du gaz au large de Chypre qui promet des recettes substantielles. Et la Turquie et la Grèce n’arrivent pas à se mettre d’accord à ce sujet. Mais en dépit des menaces, je ne crois pas qu’un de ces pays provoquera un conflit armé. Il existe suffisamment de mécanismes de l’OTAN et de l’UE pour éviter cela. Mais ceci ne signifie nullement qu’il n’y a pas de tension et qu’il n’existe pas un danger d’escalade de la tension entre les deux pays. “
Que pensez-vous du réarmement à grande échelle de la Serbie?
„Il y a plusieurs choses qui me préoccupent. Ces dernières années, les politiques serbes ont de nouveau commencé à chercher l’ennemi autour d’eux. Ils ont recommencé à accuser certains de leurs voisins de comploter contre eux. Il s’agit notamment de la Bulgarie et de la Croatie. Or, cela est faux. Il ne dépend que de la volonté du peuple serbe et des politiques serbes de décider d’entrer ou pas dans l’OTAN et l’UE. Il faut cependant dire que cette tactique qu’ils ont choisie de rejoindre l’UE mais de rester en dehors de l’OTAN ne pourra pas être réalisée et ils devraient le savoir. Reste le fait que la Serbie est en train de se réarmer. On a entendu les affirmations du ministre serbe de la Défense selon lequel la Serbie devrait instaurer sa domination aérienne sur les Balkans et cela provoque également des réflexions. Le débat sur l'échange de territoires entre la Serbie et le Kosovo, l'annexion de territoires de la Bosnie par la Serbie ne doit pas non plus être sous-estimé. Je ne veux blâmer personne, mais étant donné la pratique dans les Balkans, nous sommes obligés d'être prudents, de surveiller très bien la situation et d'analyser ce qui se passe. “
Que dire des différends qui nous opposent à la Macédoine du Nord ?
„C’est un problème compliqué. Nous devrions chercher la solution à Skopje. Cette politique du temps de Tito d’essayer de flirter avec tout le monde et de mentir facilement à tout le monde afin qu’on se sente mieux, elle est impossible. Nous avons reconnu la Macédoine comme un Etat souverain. Personne n’est capable de nous pousser et de demander que nous reconnaissions que la langue qu’ils appellent macédonienne est une langue distincte. Selon leur Constitution, ils lui ont donné il y a 50 ans ce nom, on pourrait très bien l’appeler aussi esperanto, c’est leur problème. Mais dans le droit international on ne reconnaît que des Etats. On ne reconnaît pas des nations et des langues. Nous avons mentionné le conflit entre la Turquie et la Grèce pour Chypre. Avez-vous jamais entendu quelqu’un poser la question si les Chypriotes qui parlent le grec sont une nation distincte ou pas ? Ou bien quelle langue parlent les Chypriotes – la langue grecque ou la langue chypriote ? Est-ce que cette question se pose entre l’Allemagne et l’Autriche ? Ou bien dans les deux Corées ? Cette schizophrénie créée dans la Yougoslavie de Tito sur des bases idéologiques avec comme objectif la destruction de la cause et de la conscience bulgare en Macédoine ne saurait faire part d’une politique européenne et il est impossible qu’elle soit acceptée par la Bulgarie. Cela n’arrivera pas. “- est convaincu le ministre bulgare de la Défense et vice-premier ministre à la sécurité Krassimir Karakachanov dans son interview pour Radio Bulgarie.
Version française : Vladimir Sabev
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