Ilia Markov Popguéorguiev est l’un des rares participants à la lutte pour la libération de la Bulgarie du joug ottoman au cours de toutes ses étapes – depuis qu’il est devenu haïdouk, au cours des années de l’occupation ottomane jusqu’aux combats militaires qui se sont soldés par la libération de la Bulgarie. On l’avait appelé le Voïvode des Voïvodes.Le peuple l’avait célébré dans ses chansons alors que ses contemporains le décrivent comme extrêmement courageux, d’une volonté et d’un caractère fermes, un homme sincère, bienveillant et de mœurs pures.
Ilyo Voïvode est né en 1805 dans la ville de Bérovo (actuelle République de Macédoine du Nord), dans la région historique Maléchévo. En 1850, en défendant ses proches il entre en conflit avec les autorités ottomanes. Ilyo se voit obligé de réunir alors un groupe d’insurgés avec lequel il rôde à travers la montagne de Maléchévo, Osogovo et Piyanets, sa sœur Maria Popguéorguiéva étant la porte-drapeau du groupe. Au cours de la Guerre russo-turque il est commandant de toutes les troupes de volontaires bulgares qu’on appelait à l’époque les Opaltchentsi. Ilyo Voïvode prend également part à la Guerre serbo-bulgare (1885) lors de laquelle il est déjà âgé de 80 ans mais n’hésite pas une seule seconde à prendre le fusil et s’inscrit comme volontaire. Il se voit décerner à maintes reprises des récompenses pour son courage.
Ilyo Voïvode s’installe à Kustendil après la Libération en 1878. A la fin des années 70 du XXe siècle sa maison est restaurée. Elle est aujourd’hui transformée en musée consacré aux combats pour la libération nationale menés dans la région de Kustendil.
L’exposition y est inaugurée en 1981 – raconte Vesselka Kiskimova,conservatrice du musée. – Nous disposons de nombreuses photos et de documents, l’accent étant cependant mis sur la vie et l’œuvre de Ilyo Voïvode. A l’âge de 20 ans il se fait embaucher comme gardien au monastère de Rila. C’est là-bas qu’il fait connaissance avec Néophyte Rilski (homme de lumière de la première moitié du XXe siècle et abbé du monastère dans la période 1860-1864 ainsi qu’avec d’autres Lumières. Ilyo avait l’habitude de se promener dans la montagne d’Osogovo où il rencontrait d’autres combattants pour la libération de la Bulgarie. En 1877 quand commence la Guerre russo-turque, Ilyo Voïvode se trouve à l’hôpital où il se fait soigner car ayant été blessé dans la main droite. Ilyo est alors invité par le Quartier général de l’Armée russe à prendre part dans les combats en sa qualité de commandant de troupe et quitte l’hôpital pour se rendre dans la ville danubienne de Svichtov car s’y trouve le siège du QG. Après la libération de Sofia (1877), il prend également part aux combats pour la libération des villes de Radomir, Pernik et Doupnitsa. Les armées libératrices russes et la troupe de Ilyo Voïvode arrivent à Kustendil le 11 janvier 1878. Mais depuis Kriva Palanka (Macédoine du Nord) en ce moment avancent de très nombreuses légions ottomanes et les armées russes se retirent dans la montagne de Konyavo. Elles y attendent des renforts et le 17 janvier (29 janvier du nouveau calendrier) la ville de Kustendil est libérée. En ce même moment le groupe armé de Ilyo Voïvode dénombre 300 personnes dont la plupart originaires de Maléchévo.
Font aussi partie de l’exposition du musée de Kustendil des armes, des photos du Voïvode et de ses fils – Ivan et Nikola, ainsi que de beaucoup d’autres révolutionnaires bulgares dont Vassil Levski et Guéorgui Sava Rakovski. Deux grandes toiles que le célèbre peintre Nikola Mirctehv a offert au musée y sont aussi exposées. L’une d’elles est un protrait de Ilyo Voïvode et de sa troupe, l’autre représentant Rouména Voïvode.
Si vous décidez de vous rendre à Kustendil, vous verrez de nombreuses maisons restaurées ayant appartenu à d’autres révolutionnaires de la région. Les maisons de ce type dont celle de Ilyo Voïvode forment tout un complexe mémoriel. Un monument du dernier haïdouk bulgare s’élève juste à côté.
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