La récolte des cerises a commencé dans la region de Kustendil, connue depuis toujours comme la “cerisaie de la Bulgarie” et la campagne devrait continuer jusqu’à la mi-juillet au moins… Plus de 60 points de collecte et rachat des cerises cueillies ont été ouverts dans la région de Kustendil, et ils sont plus de 200 à Doupnitsa et Bobovdol. La récolte cette année est plutôt moyenne à très moyenne, à cause de l'épisode de gel en avril qui a compromis cette variété précoce. Un kilo de cerises devrait être racheté aux producteurs 0.40 euros.
Les cerisaies dans la région de Kustendil couvrent 2 000 hectares dont sont récoltées 5000 à 6000 tonnes par an. Des saisonniers comme des familles entières participent à la campagne. Concernant la récolte de cerises cette année, le chef de la coopérative régionale Valéry Yovev nous donne le détail :
"Il n’y a pas beaucoup de cerises cette année, à cause de la période de gel au printemps. Et puis, nous assistons à la diminution progressive du nombre des abeilles, très importantes pour la pollinisation. Il fut un temps, il y a 10-15 ans, on entendait le bourdonnement des abeilles dans les cerisaies, aujourd’hui c’est un silence total."
L’agronome, Kiril Dimitrov qui passe ses jours et ses nuits dans son verger trouve aussi que la situation a empiré:
"Chez moi, la situation est un brin meilleure que la moyenne malgré les gelées matinales ce printemps qui ont cause de gros dégâts. Et puis avec les prix de rachat ridiculement bas, nous sommes à coup sur perdants et petit à petit les gens baissent les bras même si les cerises de Kustendil sont les meilleures du pays. Ce sont les prix qui tuent le secteur."
Chaque année, les producteurs évoquent un cartel qui monopolise le rachat et la vente de la production de cerises.
"Et c’est une situation qui dure depuis des années, sans que les autorités interviennent pour mettre fin à ces pratiques. Des entreprises italiennes ont fait main basse sur la région et cassent les prix. La pénurie de main d’œuvre et de saisonniers est un autre problème…Une grande partie des cueilleurs de cerises sont partis en Europe occidentale, alors que ceux qui sont restés demandent à être mieux payés. Les Italiens font du dumping et sapent nos efforts. L’année dernière, j’ai abandonné 30 tonnes de cerises sur les arbres. Cette année, ce sera pareil…“
La pandémie du Covid-19 et les déplacements ralentis multiplient les contraintes et restrictions, ajoute Borislav Goguév, chef de la coopérative.
„J’exportais dans le temps pour le Mont Athos et le monastère Zographe, mais aussi à Chypre. Je transportais mes cerises jusqu’à l’aéroport où était ouvert un point de collecte logistique. Les poids-lourds étaient chargés le vendredi et lundi matin, ils étaient réceptionnés à Limassol. Mais c’est fini, tout ça…“
Et pourtant, la cerise est un fruit à forte valeur ajoutée, même quand la récolte n’est pas très abondante, reconnaît le maire d’un village de la région, Plamen Iliev :
„Nous ne pouvons pas laisser les cerises sur les arbres, les gens ont besoin de cet argent. C’est le gagne-pain de toute une région…“
Kiril Falin, RNB-Kustendil
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