Seule la participation extrêmement faible aux élections le 14 novembre a empêché le président sortant Roumen Radev d’être reconduit haut la main pour un deuxième mandat. Quant aux législatives, la grande surprise a été le parti frais émoulu « Poursuivons le changement » qui, contrairement aux sondages, a réussi à doubler la coalition GERB/UFD.

Peut-on espérer une mobilisation des électeurs au profit d’Anastas Guérdjikov au deuxième tour de la présidentielle au point de l’emporter sur Roumen Radev et quel sera le choix des sympathisants du MDL dimanche prochain ?

Eléments de réponse avec Iréna Todorova, professeure de Sciences politiques à la Nouvelle Université bulgare :

“Il est possible que les voix du MDL soient favorables à Guérdjikov, mais je doute fort que ces 10% lui suffisent pour battre Radev qui, à mon avis, l’emportera. Son résultat est de loin supérieur à celui du PS qui le soutient et de « Poursuivons le changement ». Radev se pose en candidat supra-parti…”

A la différence des élections législatives anticipées d’avril et juillet derniers, les politologues sont cette fois-ci plus optimistes sur la formation d’un gouvernement régulier de la Bulgarie. En effet, le parti des anciens ministres Kiril Pétkov et Assen Vassilev a fait savoir qu’il cherchera le soutien de toutes les forces parlementaires, à l’exception de GERB et du MDL.

Et tout porte à croire que le PS participera inévitablement à la « distribution des rôles », à en croire Parvan Siméonov de l’Institut « Gallup » :

"Le désir de changement est une évidence et « Poursuivons le changement » a brassé une grande partie des voix des partis dits de la contestation. Et puis, le PS ne constitue plus d’obstacle, vu qu’il n’a aucune chance de se voir confier un mandat pour former un gouvernement. Mais la voix du peuple a été claire : si un gouvernement n’est pas constitué, les résultats des prochaines élections anticipées seront encore plus accablants. J’estime que, cette fois-ci, nous avons toutes les chances de voir la Bulgarie se doter d’un nouveau gouvernement.”

De l’avis du politologue Strahil Déliiski, la campagne du parti GERB a été agressive, arrogante, avec pour seul souci d’endiguer les processus d'érosion interne..

“ Et Boyko Borissov a mené sa campagne d’une main de maître, sauf que nous avons dû payer pour ce genre de comportement qui a fait chuter le taux de participation. Quant au parti « Poursuivons le changement », il a remporté le même score que celui d’« Il y a un tel peuple » en juillet, sauf que cette fois-ci les acteurs sont différents. Mes prévisions sont un peu plus optimistes, les tendances sont moins destructrices et antagonistes, sachant que le projet du duo Petkov/Vassilev répond à des objectifs de gouvernance sur un court-terme.” 

Un gouvernement de coalition est possible, même si d’aucuns rejettent l’hypothèse du « gouvernement à tout prix ». Tel est l’avis du psychologue social Nikolay Dimitrov, professeur à l’Université de Sofia:

“Il est certes vrai que le gouvernement intérimaire a une marge de manœuvre très étroite et qu’il se conforme aux décisions prises à l’Assemblée nationale, mais nous en avons un depuis 6 mois et ils se débrouille plutôt bien. N’empêche qu’il faut faire vite et adopter dans l’urgence la loi de Finances pour 2022. ”

Les projections des instituts de sondage ont été un fiasco lors de ces élections, tant pour ce qui est du parti qui les a remportées que pour l’entrée à l’Assemblée nationale d’une formation qui dénonce toutes les restrictions sanitaires, tout comme l’appartenance de la Bulgarie à l’UE et à l’OTAN. Pour résumer, nous pouvons dire que la 47^e législature de l’Assemblée nationale sera composée de 7 groupes parlementaires. Quant à savoir si la synergie opérera quand il faudra prendre les décisions importantes pour l’avenir du pays, c’est une affaire à suivre…

Edition : Diana Tsankova