Lors de sa séance extraordinaire, les députés ont voté la composition du nouveau gouvernement de la Bulgarie, sous le mandat du parti qui a remporté les législatives « Poursuivons le changement ». En clair, la Bulgarie sera gouvernée par une coalition de 4 partis, à savoir « Poursuivons le changement », le Parti socialiste, « Il y a un tel peuple » et la « Bulgarie démocratique ».

« Un entrepreneur de 41 ans reconverti en politique ». C’est en ces termes que la presse européenne a défini le nouveau premier ministre de la Bulgarie, Kiril Pétkov qui d’emblée a annoncé les couleurs : Tolérance 0 à la corruption ! Les premières priorités du nouveau gouvernement seront la gestion de la flambée des prix de l’électricité et de la crise du Covid-19.

La rapidité des négociations et la présentation de la composition du gouvernement pendant le week-end en ont surpris plus d’un. Comment expliquer cette urgence ?

Éléments de réponse avec Hristo Ivanov, coprésident de la « Bulgarie démocratique » :

„Le processus et son rythme ont été dictés par le parti qui a reçu le mandat présidentiel pour former le gouvernement. Et je les comprends, car le pays est confronté à une montagne de problèmes qui doivent trouver leur solution. N’oublions pas que la Bulgarie n’a toujours pas de budget pour 2022, sans parler des prix de l’électricité, de l’eau et des carburants dont la flambée persiste depuis des mois. Tout cela pour dire que la formation du nouveau gouvernement s’inscrit dans l’urgence…“

Pour ce qui est de la durée de son mandat, Hristo Ivanov modère son optimisme :

„Quoi qu’il en soit, ce gouvernement jettera un pont entre l’époque de Boyko Borissov et celle de la nouvelle architecture politique. Quelle que soit sa durée de vie, le gouvernement Pétkov devra dessiner le nouveau paysage politique de la Bulgarie. “

Selon le politologue, Strahil Déliiski, l’ancien gouvernement régulier a été formé en accomplissement du super-objectif d’éviter la vacance du pouvoir :

„Après trois éditions d’élections anticipées en un an, nous sommes de nouveau face à ce super-objectif, celui de se doter d’un gouvernement au nom du redémarrage d’un nouveau cycle politique. Mais cette fois-ci, ce sera plus difficile, car ce nouveau gouvernement est chargé d’apporter des changements dans tout ce que ses prédécesseurs ont entrepris. “

Justement, les anciens gouvernants de GERB n’ont pas tardé à formuler leurs critiques, l’accusant d’être constituée d’une fraction des milices, une autre corporative et une troisième idéologique. A cet égard Déliiski a été catégorique:

„Une fraction corporative a toujours existé dans tous les gouvernements bulgares, une fraction des milices – également, Ce gouvernement est formé dans le but d’écarter du pouvoir le parti GERB. De ce point de vue il n’existe pas de problème pour lui de combiner toutes sortes de valeurs, tendances idéologiques et politiques et toutes les idées sur le monde qui vous passent par la tête ».“

A son  avis le “système politique a ete amené à un état de dépendence de la capacité de faire fonctionner ensemble des positions politiques contradictoires“. Le politologue a exclu une gouvernance particulièrement mouvementée si le gouvernement ne se concentre pas immédiatement sur des réformes stratégiques, mais gère plutôt les crises en cours.

Le politologue Antonii Todorov est également d’avis qu’il ne faudrait pas procéder à des réformes radicales.

„Pour moi la manière dont se sont déroulées les négociations entre les partenaires de la coalition est un bon signe. Elles ont été de véritables négociations. Il est clair que les partis sont  différents et qu’ils sont souvent incompatibles même sur le plan personnel. Ils ont cependant démontré qu’ils peuvent surmonter les différends car ils ont compris qu’ils ont un objectif commun plus important ».“

„La crainte qu’un des partis pourrait se transformer en facteur menaçant le gouvernement régulier longuement attendu au moins dans le proche avenir, évitera la confrontation entre les partis de la coalition“ – est convaincu Strahil Déliiski. C’est ce qui permet de penser et de s’attendre à ce que le gouvernement de la nouvelle coalition soit plutôt stable.

Edition : Yoann Kolev /d’après des sujets de Silvia Vélikova et Yavor Stamatov de la chaîne info de la RNB/

Photos : BGNES