Dans un contexte de guerre, d’inflation galopante, de flambée des prix des matières premières et d’une possible pénurie de sources d’énergie, la Bulgarie est confrontée une fois de plus au dilemme nouvelles élections anticipées ou nouveau gouvernement instable qu’une simple pichenette pourrait faire tomber. L’ancien député et conseiller municipal de Sofia Vili Lilkov a qualifié la situation politique actuelle de « trop compliquée ».
« Il y a deux ans est né un mouvement puissant pour le changement du modèle politique, pour le retour du parlementarisme et l’éviction des corrompus du pouvoir », dit-il sur RNB-Vidin.
« De nouveaux projets politiques ont vu le jour, se donnant pour but d’être les porteurs du renouveau. Nous nous trouvons cependant aujourd’hui non seulement dans une situation de politique intérieure difficile, mais aussi dans une nouvelle donne géopolitique à cause de la guerre en Ukraine. Nous avons en outre des problèmes économiques liés aux sources énergétiques, bien que l’économie fonctionne plutôt bien dans l’ensemble. »
En l’absence d’une majorité parlementaire stable qui sache quelles dépenses supplémentaires elle peut se permettre, on en arrive aux dépenses incontrôlées faites par des majorités ad hoc, dit Latchézar Bogdanov de l’Institut d’économie de marché. Il cite l’exemple du budget rectifié avec davantage de moyens pour les salaires dans certains secteurs, pour des hôpitaux ou des municipalités et prévient que cette conjoncture politique menace la stabilité fiscale du pays.
« Le plus grand défi en ce moment est que la croissance économique se poursuive. Si nous avons des entreprises compétitives, un faible taux de chômage et de nouveaux investissements aux montants de plus en plus élevés, le secteur privé va augmenter les rémunérations et cela permettra de préserver le pouvoir d’achat même avec l’inflation. Si l’économie fonctionne, les rentrées budgétaires vont augmenter et nous pourrons dépenser davantage pour le social sans dépasser les 3% de déficit budgétaire. Si par contre nous entrons dans une récession, si l’activité des entreprises et les investissements stoppent, il y aura un effet domino dans tous les domaines. Bref, quels que soient les dirigeants, ils ne doivent pas mettre en danger la vie économique avec des décisions parfois irréfléchies et stupides. »
En temps de guerre chaque pays reconsidère ses priorités et son approche devient plus globale, estime Vili Lilkov selon qui la Bulgarie, elle, reste plongée dans des querelles politiciennes.
« Chaque parti annonce des lignes rouges, tape du pied et déclare qu’il est intransigeant sur tel ou tel point, alors que le reste de l’Europe se réorganise. Il est grand temps de renoncer aux lignes rouges pour un oui ou pour un non et de chercher à bâtir des alliances au nom d’intérêts à long terme d’ordre global. Après les élections les partis de tendance euroatlantique devraient s’unir pour former une majorité que j’appellerais géoeuroatlantique au parlement sur des priorités spécifiques. »
Edition : Diana Tsankova sur des interviews d’Angéla Kaménova, RNB-Vidin
Version française : Christo Popov
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