Près d’un mois après la prestation de serment des députés de la 48e législature de l’Assemblée nationale, la Bulgarie continue d’être gouvernée par le quatrième cabinet intérimaire nommé par le président. Le chef de l’État Roumen Radev procède à des consultations avec les partis parlementaires, leur donnant suffisamment de temps pour mener un dialogue sans lequel la composition d’un gouvernement dans ce parlement fragmenté de 7 partis serait une mission impossible.
"Nous voyons des consultations politiques qui sont plutôt une imitation d’un véritable processus de constitution d’un gouvernement", note dans une interview sur la RNB la politologue Ralitsa Siméonova. "L’impression qui s’en dégage est que personne ne veut assumer la responsabilité de gouverner. Chacun calcule ses profits et ses pertes avec l’attente de nouvelles élections anticipées très bientôt et cela détermine le déroulement du processus de négociations."
56% des interrogés dans le dernier sondage de l’institut "Gallup international Balkan" (GIB) souhaitent qu’un gouvernement régulier soit formé. Que font cependant les politiques ?
"Ils discutent, ils se réunissent, ils font connaissance… A l’approche des fêtes ils ne sont guère pressés. Je pense que les chances d’avoir un nouveau gouvernement en ce moment et celles de ne pas l’avoir sont pratiquement à égalité", pense le sociologue de GIB Parvan Siméonov.
Mais la patience de la société est à bout. Le 11 novembre les deux plus gros syndicats, la Confédération des syndicats indépendants de Bulgarie et la Confédération du Travail "Podkrépa" ont organisé une mobilisation devant l’Assemblée nationale en réclamant une revalorisation des revenus permettant de compenser l’inflation qui a atteint 18,7% en un an. Des milliers de manifestants ont demandé une augmentation du SMIC de 360 à au moins 435 euros et une augmentation d’au moins 13% des salaires dans le public et le privé pour 2023. Cela n’est toutefois possible qu’avec l’adoption d’un budget 2023, que le gouvernement intérimaire refuse de déposer au parlement, arguant qu’une politique des revenus ne doit être appliquée que par un gouvernement régulier.
La grogne sociale pourrait cependant faire pression pour la constitution d’un nouveau gouvernement, a dit le président Roumen Radev durant sa rencontre avec les leaders syndicaux le 11 novembre.
"C’est une mauvaise approche pour former un gouvernement, parce qu’elle garantit un cabinet instable", commente la conseillère économique de la CT "Podkrépa" Vanya Grigorova.
"Si un consensus n’est pas obtenu sur les priorités du pays, je crains qu’un éventuel gouvernement de coalition n’ait une durée de vie encore plus brève que le précédent. Notre élite politique ne comprend toujours pas son rôle de nous mener à travers la crise grave où nous nous trouvons. Nous voyons des gens qui sont prêts à faire les quatre volontés de Bruxelles et Washington, mais pas celles des citoyens bulgares."
"La constitution d’un gouvernement avec un horizon à court terme est possible si les partis parviennent à s’accorder sur un programme", pense l’analyste Emil Sokolov.
"Pour que cela se fasse, ils doivent se mettre d’accord sur la réforme judiciaire et celle de la commission anti-corruption, l’adoption d’un budget et de mesures de lutte contre l’inflation", précise-t-il.
L’eurodéputé PPE Radan Kanev de "Bulgarie démocratique" estime possible un cabinet avec le mandat de la deuxième force politique "Poursuivons le changement" ou avec l’éventuel troisième mandat s’il est donné à "Bulgarie démocratique", à condition que GERB y apporte son soutien.
"Un tel cabinet pourrait consolider la politique étrangère de la Bulgarie, sa position dans l’UE et l’OTAN d’une façon qui n’a pas été vue depuis des décennies. Un tel gouvernement pourrait appliquer une politique financière et économique intelligente et aider l’industrie bulgare à réaliser son immense potentiel dans une période de chaînes logistiques interrompues."
Edition : Yoan Kolev
Version française : Christo Popov
Photos : Annie Pétrova, BGNES, Facebook /Емил Соколов, Facebook / Радан Кънев56% des Bulgares sont d'avis que la 51e législature de l'Assemblée nationale doit réussir à élire un gouvernement régulier, fût-il au prix de compromis entre les forces politiques. Tel est le constat d'une étude nationale, effectuée entre le 31..
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