Début de décembre, quand "tout au fond du mois, d’une lueur hypnotique luit Noël", l’écrivain bulgare le plus traduit a lancé sa "petite campagne personnelle" : "offrir un livre pour Noël". Depuis 15 ans, l’auteur de "Roman naturel", "Physique de la mélancolie" et "Un pays du passé" préconise ce geste rempli d’élégance, d’une esthétique à part et une écologie de l’esprit, à l’occasion de la plus belle fête, offrir à nos proches une histoire, le plus personnel des cadeaux. Des mots que quelqu’un d’autre a mis sur le papier et pourtant ils contiennent notre message qui continue d’exister même après que nous avons jeté le joli emballage.
Le Consulat général de Bulgarie à New-York a soutenu cette initiative en proposant à chaque ressortissant bulgare qui s’y rendra avant la fin de l’année de choisir un livre de la bibliothèque consulaire suivant les principes du mouvement "Prends un livre, donne un livre". En début septembre, Gospodinov a donné le coup d’envoi à la rentrée littéraire à la Bibliothèque publique de New-York, en présentant la traduction en anglais du roman "Un pays du passé" faite par Angela Rodel. En l’espace de 18 mois, le roman a été publié en allemand, italien, polonais, français, danois, néerlandais et turc parmi d’autres. A la fin de l’année quand on a l’habitude de faire des bilans, le talent de cet écrivain de la petite Bulgarie n’est pas resté méconnu. Selon World Literature Today, la version d’Angela Rodel fait partie des 75 meilleures traductions de 2022. C’est grâce à elle qu’à peine publié en mai, le roman est devenu un des livres de l’écrivain bulgare les plus populaires à travers le monde anglophone. Le quotidien britannique The Times a même comparé Gospodinov a Orwell en qualifiant le roman d’"une mise en garde contre l'Europe et Poutine".
"J’écrivais (non sans effacer) ce texte sur la confusion des temps quand la mémoire, personnelle comme collective, fait ses bagages et s’en va ; sur la nouvelle obsession de Gaustin et le monstre discret du passé qui vient à notre encontre ; sur les pays du passé que nous construisons quand le présent n’est plus notre demeure", indique Gospodinov.
Récemment, The Guardian a inclus le roman dans sa liste des meilleurs titres littéraires de l’année qui s’écoule. Les éditeurs et les critiques du magazine américain The New Yorker ont de leur côté sélectionné "les ouvrages les plus fascinants, remarquables, ingénieux, étonnants, captivants, bizarres, qui amènent à la réflexion et soulèvent des discussions" en mettant le nom de Gospodinov à côté de celui des lauréats du prix Nobel Halldór Kiljan Laxness, Abdulrazak Gurnah, Ferit Orhan Pamuk et Louise Elisabeth Glück. Il y a quelques jours, "Un pays du passé" traduit par Hasine Şen a été nommé un des meilleurs livres publiés en Turquie en 2022. Le 16 décembre Gospodinov lui-même a partagé sur les réseaux sociaux une des "petites joies par ces temps troubles" : le choix de la Bayerischer Rundfunk qui a attribué à "Un pays du passé" la première place de ses 7 livres de l’année en déclarant :"le livre le plus prophétique nous vient de Bulgarie..." Rappelons qu’en octobre 2021, "Un pays du passé" a été récompensé du prestigieux prix italien Strega, Guéorgui Gospodinov est donc devenu le premier lauréat d’Europe de l’Est. Il y a environ une semaine, l’édition italienne de son recueil poétique "Lettres à Gaustin" traduit par Giuseppe Dell'Agata a été présentée à Rome.
Si, en accord avec la cause personnelle de l’auteur bulgare le plus traduit, plus de personnes offraient des livres en guise de cadeaux de Noël, cela contribuerait peut-être à freiner le désenchantement de la fête. "Car Noël n’est pas que des soldes et une course effrénée aux bonnes affaires, c’est un don, un miracle. Or, on ne peut pas vivre sans miracles, pas ici et pas maintenant," écrivait déjà Gospodinov en 2007.
Edition : Vessela Krastéva
Version française : Maria Stoéva
La quatrième édition de la Biennale de l’illustration sera inaugurée ce 26 novembre au Musée de la Tour triangulaire de Serdica à Sofia. Comme pour les éditions précédentes, les participants ne sont tenus de travailler sur aucun sujet précis...
"Sans un changement du système, les moyens destinés à la culture ne seront jamais distribués correctement et resteront largement insuffisants". A la TV publique, le ministre de la Culture Nayden Todorov a déclaré avoir établi une stratégie de..
La 23e édition du "Bansko Film Fest" transportera le public dans des lieux extrêmes de la planète grâce aux 75 films de 39 pays qui y seront projetés. "Tous les films seront présentés pour la première fois à Bansko", nous a confié la directrice..
Le nouveau film documentaire du journaliste Boyko Vassilev de la TV publique, "Mères", consacré au génocide de Srebrenica en 1995 a donné lieu à un débat..