Devant l’autel de l’église catholique « Saint Joseph » à Sofia le contenu de trois cahiers remplis de l’écriture appliquée d’un détenu politique prend enfin vie. « L’Apôtre, tragédie en cinq actes » de Gueorgui Zarkin, née il y a un demi-siècle dans la prison de Stara Zagora, parvient enfin jusqu’aux lecteurs grâce au père Paolo Cortesi, gardien de la mémoire des victimes du régime communiste.
« Ce livre, écrit en 1970, a été sorti de la prison, parce que son administration n’y trouvait pas de qualités littéraires », dit le fils de l’auteur Latchezar Zarkin. « Le livre a été conservé comme une précieuse relique et trouve sa place l’année où nous marquons les 150 ans de la pendaison de l’Apôtre bulgare Vassil Levski. »
Le père Cortesi écrit dans la préface du livre : « Seul un Bulgare de valeur, qui a connu le même destin que Levski et porte dans son cœur le même rêve d’un changement positif et radical pas seulement pour soi, mais pour tous, peut nous raconter cette tragédie, et cet homme de valeur est Gueorgui Zarkin. »
« Il est né le 3 mars 1940 au village Beli Iskar, à 65 km au sud de Sofia », raconte Latchezar Zarkin. « Son père est tué sans jugement fin septembre 1944 lorsque 68 personnes de la commune de Samokov sont jetées dans le gouffre Tchernata skala (le Roc noir) profond de 135 m. Après l’école technique d’agriculture il se diplôme par correspondance en cinématographie et devient reporter-photographe au journal « Zemedelsko zname » (Drapeau agricole). En tant que journaliste il fait la connaissance du général Ivan Todorov-Gorounya qui lui apprend qu’un coup d’État est en préparation. Au début de 1966 Gueorgui Zarkin forme un groupe de quatre personnes qui écrivent des tracts appelant à la lutte armée et au renversement du régime de Todor Jivkov, mais il est arrêté, jugé, passé à tabac et son dos est balafré d’étoiles à cinq branches. »
Lors de la première de « L’Apôtre » le père Paolo Cortesi compare le personnage du livre Vassil Levski à l’auteur Georgui Zarkin : l’un a vécu sous « la domination ottomane étrangère » et l’autre sous « l’esclavage communiste fraternel », mais tous deux se sont sacrifiés au nom de l’idéal le plus sacré.
« Ils sont poursuivis, emprisonnés, ils deviennent victimes de cet esclavage », dit le prêtre de l’église « Nativité de la Vierge Marie » à Béléné. « Dans sa cellule Gueorgui Zarkin a la même soif de liberté que Levski, la même compassion envers le peuple, les mêmes rêves que l’esclavage soit éliminé et que tous puissent vivre libres, construisant leur histoire dans la liberté et le respect. »
Le 15 juillet 1968, lorsque le peuple tchécoslovaque essaie de chasser les forces d’occupation soviétiques, Zarkin envoie une lettre de protestation à Todor Jivkov où il écrit que « notre pays se dirige vers une catastrophe morale et stratégique », qu’on assiste à « une politique qui va à l’encontre du peuple » et que « la Bulgarie est devenue un terrain d’expérimentation pour la Russie ».
« Non seulement Gueorgui Zarkin ose dire la vérité, mais il le fait par écrit et fait la grève de la faim pendant 28 jours pour protester contre l’invasion des forces armées du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie, qui écrasent le Printemps de Prague », dit Latchezar Zarkin.
Gueorgui Zarkin passe 11 ans et 6 mois derrière les barreaux, restant jusqu’au bout fidèle à son devoir citoyen et à sa vocation d’écrivain. Le 7 août 1977, à la prison de Pazardjik où il a été transféré, il est tué par étouffement avec des oreillers sur le visage et un passage à tabac avec des tuyaux en caoutchouc. Son meurtre a lieu à la veille du premier congrès des écrivains à Sofia, car les services de sécurité craignaient que des participants étrangers au forum demandent à rencontrer Gueorgui Zarkin et apprennent de lui quels sévices physiques et psychologiques il avait subis. D’autant plus que certains de ses poèmes, rendus publics par des prisonniers libérés, étaient lus sur Radio Free Europe, et des écrivains, poètes et journalistes exprimaient leur soutien à ce détenu politique.
« Il est grand temps que les institutions publiques en Bulgarie se mettent à éditer et promouvoir de telles œuvres et à modifier notre système de valeurs », dit Latchezar Zarkin.
Version française : Christo Popov
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