Ce 6 juin, lors d’une séance extraordinaire à l’Assemblée nationale, les parlementaires devront soumettre au vote la composition du nouveau gouvernement régulier de la Bulgarie, connu encore comme le gouvernement "Denkov-Gabriel". Reste à savoir si les forces politiques pourront aller au-delà de leurs bonnes intentions et consolider le socle ébranlé de la république parlementaire, comme le stipule la Constitution, ou qu'ils laisseront, une fois de plus, les destinées du pays entre les mains d'un gouvernement intérimaire nommé et dirigé par le président Roumen Radev ? L’entente cordiale entre les deux premières forces parlementaires, GERB-UFD et PlC-BD est qualifiée par un grand nombre de politologues comme un "mariage de convenance", unissant des partenaires qui, hier encore, se haïssaient ouvertement. Toujours est-il que les observateurs rappellent qu’en votant le 2 avril dernier, le peuple bulgare a fait son choix et a légitimé de fait la formule politique du nouveau gouvernement.
Un simple calcul devrait rassurer les deux premiers qui disposent, à eux seuls, d’une majorité suffisante pour entériner leur gouvernance, sans faire appel au MDL qui, depuis des années, assure le maintien de l’équilibre des forces à l’Assemblée nationale. Restent les deux autres forces parlementaires, le Parti socialiste et le parti "Renaissance" qui ont clamé haut et fort leur ferme intention de voter contre.
Bien plus, le leader de "Renaissance" Kostadin Kostadinov a appelé sur Facebook ses sympathisants à manifester devant l’Assemblée nationale pour montrer leur désaccord et leur refus de voir la Bulgarie dirigée par un gouvernement de "l’espionnage et de la trahison".
De son côté, le député socialiste Christian Viguénin estime que "ce gouvernement est formé sous une pression internationale et par une nécessité nationale". Malgré ses propos critiques, il espère toutefois que le gouvernement régulier sera efficace tout comme le parlement pour que "l’ordre constitutionnel soit rétabli en Bulgarie".
Bon ou mauvais, le nouveau Conseil des ministres devra relever de nombreux défis tout en gardant le cap de ses priorités majeures. Selon le politologue Ognian Mintchev : "Le nouveau gouvernement doit stopper, ou tout au moins freiner la crise institutionnelle qui frappe de plein fouet la Bulgarie. Si des mesures ne sont pas prises d’urgence y compris par la voie de changements constitutionnels, nous risquons de basculer d’une crise politique dans une crise constitutionnelle qui aura des retombées négatives sur l’avenir démocratique de la Bulgarie".
Un autre politologue, Tontcho Kraévski, anticipe une mise en veilleuse de deux autres priorités du gouvernement, à savoir Schengen et l’adhésion à la zone euro. A ses dires PlC-BD et GERB-UFD ne pourront pas justifier "le prix fort de cette coalition politique qu’ils devront payer".
"A leurs yeux, c’est ce qui compte le plus. Et en cas d’échec, y compris celui d'une des formations aux prochaines municipales cet automne, la coalition pourrait imploser et les uns comme les autres devront payer les pots cassés".
Un autre expert en communication politique, Rossen Stoyanov estime que le futur gouvernement régulier mérite ses 100 jours de grâce.
Dernier avis, celui du journaliste Lyoubomir Mintchev qui se dit plus optimiste de la durée de vie du gouvernement à cause de la peur des poursuites judiciaires, du rôle du président et de l’influence montante du parti nationaliste "Renaissance". Dans ce contexte, le gouvernement pourrait tenir un an et demi, même plus.
"Si de gros compromis ne sont pas consentis, la dictature du chef d’Etat Roumen Radev continuera. Et c’est justement pareille situation politique qui impose un comportement plus consensuel. Quant aux ententes et tractations en coulisse, on en saura plus avec le temps".
Reste à savoir ce que pense le Bulgare lambda de la nouvelle situation politique. Justement, quelques heures avant le vote à l'Assemblée nationale de la composition du nouveau gouvernement, l'Institut de sondage "Alpha Research" a effectué un sondage, sur commande la TV publique, pour évaluer la confiance dans le futur gouvernement Denkov-Gabriel. 52% des sondés plébiscitent le gouvernement proposé par PlC-BD et GERB-UFD, 35% sont contre et 13% n'ont pas d'avis bien tranché. Le sondage a été effectué le 5 juin 2023, par téléphone, sur un panel de 400 Bulgares majeurs de tout le pays.
Edition : Yoan Kolev
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