Le 15 août (28 août d’après le calendrier julien), en plein cœur de l’été, les Bulgares rendent hommage la Vierge Marie, mère de Jésus. Depuis toujours, le jour de sa Dormition (Assomption chez les catholiques) est une des plus grandes fêtes populaires. Trois jours avant la fin de sa vie terrestre, alors qu’elle priait, elle vit l’archange Gabriel, qui venait lui annoncer que son esprit s’envolera sous peu vers le royaume céleste. La légende raconte que tous les apôtres s’étaient réunis autour du lit de la Vierge à l’exception de saint Thomas. Et, quand trois jours plus tard, il avait voulu se recueillir devant la dépouille de Marie, tout le monde avait été surpris de découvrir que dans la grotte où elle avait dû se trouver il n’était resté que le suaire, le drap dans lequel son corps avait été enveloppé. Marie avait repris vie, à l’instar de son Fils divin.

En Bulgarie les églises dédiées à la Dormition de la Vierge sont plus d’une centaine, dont l’Eglise épiscopale de Samokov consacrée il y a plus de trois siècles. Spacieuse et d’une architecture incomparable, elle se targue de son iconostase de noyer, finement ciselée par des sculpteurs sur bois du mont Athos à la fin du XVIIIe siècle.

Centre spirituel de l’éparchie de Samokov pendant trois siècle et demi, l’église a été présidée par 23 métropolites. Le dernier, Dosithée, a également été le premier prélat du nouvel Exarchat bulgare.

Le registre paroissial qui s’ouvre sur l’année 1757 témoigne de la riche histoire de l’Eglise de la Dormition de la Vierge. Il contient la chronologie des événements majeurs dont nous fait part l’économe staurophore Mihaïl Kolev qui dirige l’église :

"Au début du XVIII siècle, en 1711, le métropolite Nectaire ordonne des travaux de rénovation et de restauration de la petite église qui existait à l’époque à cet endroit. Comme la Bulgarie était encore sous domination ottomane, la construction d’églises orthodoxes en ville était interdite, pour cette raison, l’église était petite et enfoncée dans le sol. A peu près cent ans plus tard, sur proposition du métropolite Philothée de Samokov, une église à nef unique a été construite de la hauteur actuelle, pour être ensuite agrandie du côté nord et sud en l’espace de 30-40 ans. En plus de l’autel central consacré à la Vierge, deux autres ont été ajoutés, un dédié à saint Jean de Rila et un autre, consacré à Charalampe de Magnésie."

La vénération que suscite ce guérisseur chrétien n’est pas due au hasard, comme nous l’apprend le père Mihaïl. Au début du XIXe siècle, la peste avait ravagé Samokov à deux reprises. C’est alors que les habitants de la ville ont imploré l’intercession de saint Charalampe. Un autel lui a été consacré et ses reliques ont été transférées du mont Athos. Alors l’épidémie s’est vite repliée.

La lutte de l’indépendance de l’Eglise bulgare à laquelle les habitants de Samokov ont pris part avec ferveur, s’inscrit aussi dans l’histoire de cette église.

"C’est ici que la première école monacale a été créée", poursuit son récit le prêtre. "C’est ici que voit le jour l’idée de l’Ecole théologique de Samokov et Rila, la première à être accréditée avant la Libération de la Bulgarie. En effet, l’Eglise épiscopale de Samokov est toujours un centre spirituel d’unification. Tout en gardant la mémoire historique, elle vit avec son temps par la prédiction et l’éducation spirituelle. "

A la mi-août, le jour de sa fête patronale, l’église regorge de fidèles venus rendre hommage à la Mère de Dieu.

"Les célébrations commencent dès la veille avec une messe solennelle où s’intègre une très belle série de chants et de prières anciens faisant partie du service funèbre pour la Vierge qui rappelle beaucoup la messe du Vendredi Saint. On sort le suaire de la Vierge, il y a une procession autour de l’église accompagnée de prières et un rassemblement de tout le clergé de la ville. Les commémorations se poursuivent le lendemain avec une liturgie et un sermon pour se terminer avec un bénissement et distribution d’un repas rituel. La Dormition de la Vierge Marie est une fête très vénérée par le peuple qui s’y rend en grand nombre pour adresser ses prières à la très pure Mère de Dieu. On sent vraiment la joie et l’enthousiasme dégagés par cette belle fête estivale."

Version française : Maria Stoéva