Quand on voyage à travers les Rhodopes orientales, notre regard est attiré par les centaines de fontaines en bord de route, certaines plus impressionnantes, d’autres plus modestes, et il y en a même certaines autour desquelles on peut faire un pique-nique, avec des aires de jeux et des foyers pour les grillades.
Pourquoi sont-elles si nombreuses et qui les bâtit ? Éléments de réponse avec Grand-père Salli, qui a organisé la construction de la première fontaine du village Bachévo, bien avant qu’on y ait installé un système de canalisation. Avec les autres villageois Grand-père Salli fait venir l’eau au village pour que les femmes ne se fatiguent pas à aller jusqu’aux sources.
Pourquoi y a-t-il tellement de fontaines dans les Rhodopes et qui les construit ?
Quand quelqu’un a perdu son père, sa mère, son fils, il a envie de faire quelque chose à leur mémoire, raconte Grand-père Salli. Ils trouvent la source dans le Balkan et décident d’en fournir l’eau aux passants par les fontaines qu’on rencontre au bord des chemins. Leurs sources sont indépendantes et ne sont pas connectées au réseau d’alimentation en eau de la ville.
Grand-père Salli a presque 90 ans, mais continue d’accueillir des touristes dans sa maison au village Bachévo, leur offrant une tasse de café et bavardant avec eux. A la question pourquoi les gens construisent précisément des fontaines en mémoire de leurs proches décédés, le vieil homme répond :
L’eau est la chose la plus importante, elle vient en premier. Tout le monde en a besoin. Si tu es malade et alité, celui qui te donne un verre d’eau fait une bonne action. L’eau, c’est une âme vivante. Si tu ne donnes pas aux gens accès à l’eau, c’est que tu es quelqu’un de très mauvais.
Dans sa vie Grand-père Salli a construit deux fontaines pour lesquelles les gens continuent de le bénir jusqu’à nos jours. Il a trouvé l’eau à trois kilomètres du village, très haut dans le Balkan, et l’a canalisée avec des tuyaux d’arrosage.
A l’époque on ne connaissait pas la technologie. Quand j’ai trouvé cette source dans le Balkan, l’eau coulait vers la rivière. J’ai réuni les voisins pour qu’ils m’aident à creuser le canal et canaliser l’eau. J’ai construit une grande fontaine dans la cour pour tous les voisins. Avant cela les femmes et les filles épuisées par une journée de travail prenaient les seaux et allaient chercher de l’eau là où il y avait un puits. Et avant que le maire n’ait fait construire tout le réseau de canalisations, les gens venaient prendre de l’eau ici.
Crédits photos: Gueorgui Arguirov, RNB-Kardjali, archives
Édition : Darina Grigorova, sur une interview de Galina Stéfanova, RNB-Kardjali
Version française : Christo Popov
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