A la suite des Guerres balkaniques (1912-1913) un grand nombre de réfugiés ont quitté leur Macédoine natale pour s’installer en Bulgarie libérée. Beaucoup d’entre eux ont choisi de s’établir dans la région de Gotsé Deltchev, y compris dans Koprivlen, un village blotti contre les contreforts Est de la montagne Pirin, à une altitude de 500 m, qui a accueilli dans le courant de la deuxième décennie du XXe siècle des gens provenant d’une vingtaine de lieux sur le territoire de la Grèce actuelle. Il les avait attirés par la fécondité de son sol et la proximité de la voie reliant la ville de Gotsé Deltchev (situé à 7 km de Koprivlen) à Drama, en Grèce. Une des premières choses que les nouveau-venus ont faites était de se doter d’une école et une église. Pour ce faire, ils se sont servis de l’édifice de l’ancien café turc dont une des pièces a été transformée en école, l’autre en église qui accueillait les fidèles jusqu’en 1996 quand à deux kilomètres du village a été consacré le monastère de Saint Georges.  

A présent, 1200 personnes habitent à Koprivlen, une population relativement dense pour cette région. Cependant, il n’est pas épargné par le majeur problème de ce type d’agglomérations en Bulgarie, à savoir, le petit nombre de personnes à l’âge de travailler. Le taux de natalité est d’ailleurs très bas, cette année, il n’y a en effet qu’un bébé qui est né.

"Faute d’emplois, les jeunes de moins de 30 ans ont déménagé à Sofia, Plovdiv, Varna. Beaucoup sont partis travailler à l’étranger", déclare à la RNB Maria Tchorléva, secrétaire du centre culturel "Renaissance 1927" en annonçant quand-même une bonne nouvelle. "On ne peut que se réjouir du fait que 2-3 jeunes couples sont retournés dans le village avec leurs enfants. Il y avait 20-30 immeubles à vendre à Koprivlen mais grâce à la proximité de Gotsé Deltchev ce n’est plus le cas."

On peut trouver aussi un emploi à Novo Leski, le village voisin, où une usine d’emballages en papier vient d’ouvrir. Maria espère que cela motivera plus de jeune de voir un avenir prometteur dans cette région et décider de rester à Koprivlen :

"En Bulgarie, le salaire est le plus correct dans les grandes villes et à Sofia mais je conclus de mon expérience que la rémunération n’y est pas suffisante car s’il faut dépenser 1000 leva (500 euros) pour payer le loyer, autant vivre dans sa maison familiale dans une petite ville ou un village. Qui plus est, trouver une place en crèche ou à l’école s’avère très difficile."

Le poste-frontière Ilinden – Exochi n’est qu’à 12 km de Koprivlen. Son inauguration en 2005 a dopé la région. Les gens traversent souvent la frontière pour aller travailler, faire des courses où se détendre au bord de la Mer Egée. La comparaison entre les deux pays s’impose : "Le taux de chômage est élevé aussi dans les villages grecs et les jeunes sont contraints de chercher de l’emploi à Drama, Thessalonique ou Kavala", fait remarquer Maria. D’après elle, la concentration des services et des opportunités de travail dans les grandes villes fait preuve de mauvaise gestion qui condamne les villages.

"Nos villages sont tristes car il y a beaucoup de maisons désertées. Les vieux s’éteignent. Les jardins sont envahis par les mauvaises herbes. Il n’y a personne pour les entretenir et ils deviennent peu accueillants. On n’y peut rien. Des gens en âge de partir à la retraite ne veulent non plus retourner à la campagne, préférant accumuler de l’expérience professionnelle pour avoir droit à une meilleure pension de retraite."

A l’occasion du centième anniversaire de Koprivlen, un coin de la bibliothèque et centre culturel de Koprivlen a été dédié à des photos anciennes, des objets et des habits narrant l’histoire du quotidien et de la vie des habitants du village.

Edition : Yoan Kolev

Version française : Maria Stoéva

Crédit photos: Снимки: Valéri Lékov, centre culturel "Renaissance 1927"