Une vague de chaleur suffocante, un vent violent, un enfer de flammes, c’est ce que la Bulgarie vit depuis un bon moment. Les incendies ont carbonisé des maisons, anéanti des animaux sauvages et domestiques, détruit la récolte, mutilé la nature. Ce qui reste, c’est le malheur des humains,  désespérés...

"J’ai 66 ans. Je suis née dans cette maison. Aujourd’hui, elle a été réduite en cendres", déplore, les larmes aux yeux, une femme du village de Voden au Sud-Est de  la Bulgarie, parmi les plus touchés par les incendies.

En raison du vent violent qui ne cesse d’attiser le feu, les habitants de l’Ehpad dans le village voisin ont dû être évacués. Zlatka Yanéva, directrice de l’établissement, fait partie des sinistrés. De sa maison qui a brûlé, elle n’a pu sauver que ces papiers d’identité.

"Rien de plus. Tout est resté dedans en s’embrasant comme une torche : les meubles, les vêtements, la cuisinière, le congélateur. L’Etat doit régir. En cas de telles catastrophes, qu’on n’évoque pas une somme de 2,5 mille euros mais il faudrait qu’à chaque ménage soit accordée une indemnisation d’au moins 25 mille euros pour qu’on puisse poursuivre sa vie normalement. Sinon, le village se meurt."

Après avoir fait le tour des régions touchées par le feu, le premier ministre intérimaire Dimitar Glavtchev et les ministres de l’Intérieur et du Travail et la politique sociale Kalin Stoyanov et Ivaylo Ivanov ont promis des aides aux sinistrés. Ils n’ont pas voulu donner leur démission qui leur a été demandée par certains des groupes parlementaires qui les accusent de ne pas pourvoir maîtriser la catastrophe.

La situation est trop inquiétante pour en faire l’objet de discussions politiques, a déclaré Glavtchev.

"Il ne serait pas exagéré de dire que les gens sur le terrain font preuve d’un vrai héroïsme. Il s’agit des pompiers, des militaires, des volontaires. Dans le contexte de leurs efforts, cela me paraît cynique. Il n’y a rien de plus facile que de donner ma démission, néanmoins, j’appelle les politiques à sortir des salles climatisées pour venir voir sur place de quoi il s’agit." 

Des pompiers, des gendarmes, des agents de la PAF, des agents forestiers, des volontaires et un hélicoptère des Forces aériennes de Bulgarie prennent part à la lutte contre le feu. La Turquie, pays voisin de la Bulgarie, a réagi en quelques heures à peine en envoyant des véhicules spécialisés, des engins et du matériel de secours à Voden. Les photos des pompiers et des volontaires ont fait le tour des  réseaux sociaux.

Chaque catastrophe pose forcément la question de savoir si la réponse de l’Etat a été adéquate, si les dédommagements prévus sont suffisants, si le nécessaire a été fait pour l’éviter.  

"Le gouvernement accordera des indemnisations à tous les sinistrés des incendies", a déclaré Ludmila Petkova, vice-première ministre et ministre des Finances. Après son intervention, les députés ont adopté un projet de motion pour obliger le Conseil des ministres à assurer au plus vite les fonds nécessaires pour dédommager les sinistrés.

Le président Roumen Radev  est lui-même intervenu en appelant le parlement et l’exécutif à faire l’essentiel pour acquérir du matériel anti incendie :

"Nous tirons toujours des leçons après coup. Il est grand temps de créer les conditions nécessaires pour qu’il y ait assez de moyens indispensables à l’acquisition d’engins, d'hélicoptères et du matériel pour les pompiers. Pourvu que ces décisions ne traînent pas trop longtemps dans l'attente des prochains incendies", a déclaré le président en remerciant la Tchéquie et la Turquie de leur aide. "Pour savoir comment le gouvernement s’en est sorti, il faudrait faire une analyse détaillée mais quand seulement le feu sera maîtrisé", a-t-il ajouté.  

·  La Bulgarie en proie aux incendies

Edition : Krassimir Martinov

Version française : Maria Stoéva

Photos : Daniella Kostova, BTA, BGNES