Le Réveillon de Noël, appelé parfois Petit Noël, s’inscrivait à l’époque dans une période obscure, épouvantable, chargé d’un pouvoir gigantesque, susceptible de marquer toute l’année. Pour cette raison, la nuit de Noël s’associe à des augures, des prières et des vœux dans l’attente du nouveau commencement.
Aujourd’hui, les préparatifs aux fêtes s’expriment surtout dans les courses frénétiques, le choix des cadeaux, l’organisation des vacances. En revanche, nos ancêtres, suivaient des rituels bien précis chargé de symbolisme dans une tentative de se procurer la grâce des forces surnaturelles. Dans le passé, les rôles étaient strictement répartis entre les femmes et les hommes quant à la préparation de la famille avant la nuit sainte, explique l’ethnologue Anélia Ovnarska.
Les femmes préparaient le dîner et les mets festifs, pétrissait les trois sortes de miches rituelles, etc. La tâche des hommes consistait à procurer la bûche, le bois choisi minutieusement abattu par le doyen de la famille d’une façon spéciale de manière à ne pas toucher le sol. Ensuite, il est oint et sert à allumer le feu de Noël.
"Une autre tâche masculine concerne les animaux domestiques, les préparatifs dans la cour. Il y avait des pratiques intéressantes devenues rares ou carrément disparues, comme "Menacer les arbres fruitiers", leur dire qu’on les abattra s’ils ne donnent pas de fruits, etc. Les enfants sont également impliqués dans les préparatifs pour les fêtes. Les jeunes garçons chassaient des moineaux que leurs grands-mères faisaient rôtir après la fin du Carême", relate Ovnarska au sujet de cette pratique heureusement reléguée au passé.
On invitait Dieu ou sa Mère à descendre du ciel pour partager avec les vivants le repas de Noël. On leur laissait une place, de même qu’au défunts.
"Dans certaines parties de la Bulgarie, comme dans la région des Chopes, aux alentours du village de Radomir, au moment d’encenser le repas, on sortait dehors où les personnes âgées s’exclamaient : "German, descend dîner ! "German est la personnification d’une force surnaturelle, celle qui est responsable du grêle en été. Tous les rituels qui encadrent le repas et les préparatifs pour cette fête passé en famille est liée à la fécondité, la prospérité et l’apaisement du surnaturel appelé à apporter son aide", explique l’ethnologue.
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A la différence d’aujourd’hui, àl’époque, iln’yavaitpasde sapins de Noël et on n’échangeait pas de cadeaux. En revanche, chaque membre de la famille se voyait offrir des chaussettes toutes neuves tricotées à la main. Avant de se mettre à table il fallait laver ses pieds avant de les enfiler.Un autre petit cadeau était la pièce de monnaie qu’on mettait dans la miche. Celui qui la trouvait devait pourtant acheter quelque chose pour le ménage, comme du sel par exemple. Si c’était un invité qui tombe sur la monnaie, le maître de la maison la racheter pour qu’elle reste pour la famille.
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Qu’est-cequireste de cette complexité rituelle et comment l’esprit de Réveillon a changé au fil des années ? D’après Anélia Ovnarska, le changement vient d’abord après la libération de la Bulgarie du joug ottoman (1879) avec l’industrialisation.
"Une empreinte a été laissé par le régime communiste qui interdit les fêtes religieuses. Comme il s’agit d’une longue période de temps, toute une génération subit des transformations associées à la religion, la foi et la festivité. Je me rappelle bien qu’à l’époque le 24 décembre était un jour ouvrable. Heureusement, il y a aujourd’hui un désir de redécouvrir le sens de cette fête. Pourtant notre vie est différente. Nous ne vivons plus dans une culture agraire du passé. Il vaut mieux alors repenser la fête sous le prisme des valeurs familiales, le respect porté aux ancêtres, les personnes âgées, la famille et dans la mesure du possible, chercher à connaître ce que c’était la vie d’avant", estime Anélia Ovnarska.
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Photos : Anélia Ovnarska, archives
Version française : Maria Stoéva
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