C’est dans la vie de saint Dasius de Durostorum datant du 4e siècle que l’on peut lire la première description de Surva en terres bulgares : "Car même si le monde prend fin, cette mauvaise coutume ne sera pas abandonnée. Pire encore, elle est rétablie sous une forme encore plus abominable. En janvier, le jour de l’an, des gens vaniteux qui pratiquent la coutume des païens et osent s’appeler chrétiens, s’adonnent à des festivités trop importantes. En changeant leur apparence et en arborant le visage du diable, ils se déguisent en s’enveloppant de peaux de chèvres et changeant leur aspect". Ce sont les mots du néophyte anonyme qui a écrit la vie du saint martyr.
Tous les carnavals bulgares viennent des rituels des kolédari et la célébration de la naissance du Soleil en janvier, kolojeg en ancien bulgare. Avec la christianisation, ces pratiques se divisent pour ne pas entacher l’image du Christ. Dans l’Ouest de la Bulgarie, où on accueillait le nouvel an, la nuit du 14 janvier, on célèbre toujours Sourva. Les carnavals des koukéri et leurs dérivés sont célébrés aux alentours du Dimanche du Pardon. C’est la semaine des roussaliï et la parade des kaluchari qui vient en dernier. Le point commun de tous ces groupes masqués est qu’il s’agit de pratiques destinées à invoquer la santé et la fécondité, Sourva étant également consacrée aux jeunes hommes à marier et aux soldats.
Séduit par ces traditions, Ivo Ivanov de Radio Bulgarie a accepté de visiter la région du village Zémen, à l’Ouest de la Bulgarie, à l’occasion des festivités, où il a rencontré Guéorgui Dimitrov au Musée des sourvakari (les hommes célébrant la Surva). Chaque fin janvier, son groupe de sourvakari participe au grand festival international des masques Sourva qui aura lieu cette année à Pernik du 24 au 26 janvier.
"Si je ne m’abuse, j’ai commencé quand j’étais élève en première année, donc en 1966. J’étais fasciné par la façon dont mon père préparait ces jeux de Sourva. Je n’en suis pas revenu et chaque année, nous consacrons un mois à des préparatifs pour le carnaval de Sourva qui a lieu la nuit du 14 janvier", indique Dimitrov, souvakar de longue date. Nous choisissons les chefs du groupe : deux personnes qui doivent porter des clochettes. Nous élisons un curé, une mariée et un marié. Le plus souvent, le rituel met en scène un mariage. Nous faisons le tour de toutes les maisons pour faire nos vœux de vie et de santé et chasser les mauvais esprits. Nous souhaitons la fertilité. Nous dansons notre ronde (khoro) des sourvakari", explique Guéorgui.
A l’époque, il n’y avait que les hommes et les adolescents qui se déguisaient mais aujourd’hui, les femmes et les enfants sont autorisés à se parer de masques, grelots et costumes de sourvakari. Lors des danses, au lieu de se tenir par la main, les participants se servent de bâtons, de sabres et de longs marteaux de bois.
Quand deux groupes de sourvakari se rencontraient, cela risquait de devenir dangereux :
"Mon père, un des plus vieux sourvakari, me disaient que tout le monde portait des marteaux longs car il y avait des bagarres atroces. Au fil du temps, cette coutume a été abandonnées. Le masque est préparé dès septembre ou octobre. J’ai un ami qui fabrique les masques.
Un autre ami m’aide à élaborer l’échafaudage à base de noisetier car il est plus facile à tordre. Ensuite, on coud des voiles, on peaufine la structure et on commence à coller les plumes. Le plus souvent, on utilise des plumes de poules que nous rassemblons depuis l’été. Nous en demandons même à nos voisins car on a besoin de 10-20 poules pour un seul masque. Les plumes doivent être multicolores : rouges, noirs, blancs, bigarrés", explique Guéorgui.
Jadis, dans certains endroits, on décorait les masques d’herbes aromatiques à la place de plumes. En mettant le masque rituel, le danseur se détache de soi-même, du trivial et se transcende dans l’univers du magique et du surnaturel. Avec la transe de la danse, le grondement des tambours et le retentissement des grelots, le masque met entre parenthèses le temps linéaire et entraîne vers les mythes de la création, le mystère sacré de la fécondation, la conception et la naissance du grand secret qu’est la vie.
"Ce sont des masques traditionnels. Nous avons des "têtes" qui sont uniques pour la région, fabriqués de saule. L’ours viendra également", sourit Guéorgui qui se presse à gagner le lieu de rendez-vous avant la procession.
Magie ou folie, Sourva s’empare tout d’abord des participants au rituel, ensuite, gagne le public. Après la fête, on cache les costumes et les masques à des endroits secrets pour pas qu’ils perdent leur force tandis que les hommes vont se confesser à l’église afin de se "purifier" de ce rituel païen.
Version française : Maria Stoéva
Photos et vidéo : Ivo Ivanov
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