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La Bulgarie est désormais dans la zone euro, mais qu’en pensent les Bulgares?

Photo: BTA

C’est acté : la Bulgarie est devenue le 21e pays membre de la zone euro après les votes au Parlement européen et à l’ECOFIN et à partir du 1er janvier 2026 l’euro deviendra sa monnaie officielle, les paiements en léva ne continuant qu’encore un mois après cette date.

La présidente du Parlement européen Roberta Metsola s’est félicitée de l’entrée de la Bulgarie dans la zone euro :

Roberta Metsola

Nous avons obtenu un excellent résultat à la séance plénière, avec 531 membres du Parlement européen votant en faveur de l’adhésion de la Bulgarie à la zone euro, confirmant ce dont nous parlons depuis longtemps : que l’euro est un gage de stabilité. L’euro, c’est la sécurité et la stabilité. Il y a bien eu une tentative de bloquer ce vote, mais elle a échoué. Le message envers toutes les craintes à ce propos est clair et catégorique.


Et alors que les eurodéputés ont approuvé la candidature bulgare à la zone euro à une grande majorité et avec un enthousiasme visible, les hésitations subsistent en Bulgarie. Ces derniers mois les actions de protestation se sont multipliées, y compris le jour même du feu vert européen, et les enquêtes d’opinion indiquent que la plupart des Bulgares ne sont toujours pas convaincus que le renoncement au lev et le passage à l’euro soit une bonne chose. Certains sont contre l’euro en général, d’autres estiment que l’adopter le 1er janvier 2026 est prématuré.

Un micro-trottoir du reporter de Radio Bulgarie Ivan Guergov donne une idée des sentiments des habitants de Sofia.


Vassil est un jeune homme qui travaille dans la sphère des hautes technologies et il est politiquement engagé. Il soutient le passage à l’euro surtout pour des raisons géopolitiques :

Je suis en faveur de l’euro pour deux raisons : primo, parce que c’est la dernière étape de notre intégration européenne et secundo, parce que cela affaiblit l’influence de Vladimir Poutine dans les Balkans.

Alexandre est un autre jeune homme, qui travaille dans le commerce. Il est résolument contre l’adoption de l’euro et l’explique en termes financiers :

Le taux directeur sera désormais déterminé par la Banque centrale européenne et le sien est actuellement plus élevé. Les banques seront libres de donner des crédits à des personnes dans toute l’Europe, ce qui va automatiquement faire grimper les taux d’intérêts des crédits, parce que les 40 milliards d'euros qui servent maintenant de garantie à la caisse d’émission pourront être distribués dans toute l’Europe. Pour ceux qui veulent faire une hypothèque, leur taux hypothécaire, qui est actuellement de 3%, va devenir 4, 5 ou 6%. Les taux d’intérêt courants vont également augmenter. Moi, par exemple, j’ai une hypothèque et je suis piégé.


Eléna travaille dans l’administration publique. Elle soutient le lev par patriotisme, mais craint aussi une flambée des prix :

Je ne veux pas que l’euro devienne notre nouvelle monnaie. Je veux garder le lev bulgare, c’est mieux comme ça, je l’aime bien. Et puis j’aime bien aussi les billets de banque, le lev (ancienne prononciation de « lion » en bulgare), l’aspect général des billets. Et puis certaines choses deviendront plus chères. Il y a déjà dans certains magasins des étiquettes avec les deux prix, en léva et en euros. Et les seniors et d’autres gens qui ne font pas attention auront du mal à s’y retrouver.

Sergeï est un médecin qui a atteint l’âge de la retraite, mais continue de pratiquer. Il soutient la zone euro, mais observe lui aussi une hausse des prix, qu’il n’attribue toutefois pas à l’euro :

C’est à cause de l’obsession de certains commerçants de s’enrichir le plus vite possible, l’ignorance généralisée des consommateurs et la peur qu’on nous instille. C’est pour ça que les prix montent.


Vassil Vassilev est un retraité qui a enseigné de longues années à l’Académie militaire de Sofia. Il est catégorique que le moment est mal choisi pour adopter l’euro en Bulgarie :

Les inconvénients sont nombreux, bien qu’il y ait aussi des avantages. Je serais d’accord que nous adoptions l’euro dans 5 ou 10 ans, mais en ce moment nous ne remplissons pas les critères. Tout ce qui se fait et se dit est une pure fiction inventée par nos dirigeants. Ils se comportent de façon servile envers les leaders de l’UE qui ne resteront pas en poste encore longtemps, je pense que d’ici 5 ou 6 ans ils seront tous partis. En outre la Bulgarie perd de sa souveraineté et perd sa monnaie, le lev bulgare.

En fin de compte notre mini-sondage ne fait que confirmer ce que l’on savait déjà : les Bulgares sont divisés sur la question.


« Beaucoup de citoyens bulgares se font du souci et nous devons y répondre », indique Roberta Metsola en réponse à une question de l’envoyée spéciale de la RNB à Strasbourg Irina Nédéva. A ses dires la Bulgarie a démontré son engagement extraordinaire envers l’UE; elle a donné comme exemple des avantages de la zone euro l’adhésion de notre pays à l’espace Schengen. « Nous devons répondre aux craintes par des faits et des débats honnêtes », a dit la présidente du Parlement européen.



Ivan Guergov

Version française et publication : Christo Popov

Photos : BTA, EPA/BGNES, RNB, data.ecb.europa.eu, pexels.com




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