Après des mois d’inflation très basse et parfois même de déflation, du moins à en croire la statistique officielle, cette tendance s’est subitement inversée. Le 15 juillet, quelques jours à peine après le "oui" de Bruxelles à la Bulgarie pour une adhésion à la zone euro, l’Institut national de la Statistique a annoncé une inflation de 4,4% fin juillet sur un an, un record pour les deux dernières années.

Considérons le problème sous un autre angle : ne serait-ce pas l’attente même d’une montée des prix qui incite les commerçants à augmenter les leurs de façon préventive, faisant payer la différence au consommateur final ? L’anthropologue social Haralan Alexandrov semble penser que oui :

Un tel effet existe certainement. C’est une prophétie autoréalisatrice, un phénomène bien connu dans plusieurs domaines, pas seulement en économie. Il ne fait aucun doute pour moi que les attentes massives d’une augmentation des prix font déjà monter les prix. Si vous êtes dans le commerce de détail et que vous avez des articles en réserve, il est normal de commencer à les cacher ou à augmenter vos prix avec la conviction que tous les autres feront de même.
Alexandrov donne pour exemple les prix de l’immobilier qui grimpent de plus en plus ces derniers mois :
Par conséquent l’interventionnisme de l’État est logique. D’un point de vue idéal un tel interventionnisme est critiquable, mais je pense que nous avons tous compris que le marché ne s’autorégule pas en termes d’offre et de demande. Il est devenu clair que les règles du marché sont imposées de force.
Cet avis n’est nullement partagé par l’économiste Krassen Stantchev, fondateur de l’Institut d’économie de marché, enseignant à l’Université de Sofia et ancien député :

Les attentes se forment à cause des déclarations des politiques du type "Nous nous attendons à une flambée des prix et nous prendrons des mesures pour contrecarrer les spéculateurs". Dès qu’ils disent cela et qu’ils se mettent à rédiger une loi sur le contrôle des prix, les gens commencent à augmenter leurs prix.
Stantchev affirme également que l’adoption de l’euro en Bulgarie qui aura lieu le 1er janvier ne contribue en aucune façon à la montée de l’inflation :

L’euro en soi n’influence pas les prix, parce que la Bulgarie, tout comme la Lituanie, l’Estonie et la Lettonie a déjà rattaché sa monnaie à l’euro par le biais de la caisse d’émission.
L’économiste pense aussi qu’à notre époque il est absurde d’envisager une loi de contrôle des prix pour combattre la spéculation.
Selon le sociologue Kantcho Stoytchev la pensée désidérative, c’est-à-dire l’attente que quelque chose se produira, est un facteur majeur dans les processus économiques. Il estime cependant qu’en l’occurrence ce n’est pas la raison principale de la montée des prix :

Pour ce qui est des attentes envers l’euro, ce n’est pas une question de mental, nous avons d’autres mécanismes économiques à l’œuvre dans ce cas. Ce n’est pas la première fois qu’un pays adopte l’euro. Et dans chaque pays à avoir adhéré à la zone euro on observe une montée de l’inflation. Le fait que les politiques ont intérêt à nous mentir là-dessus n’a rien de nouveau, c’est leur métier.

Selon Stoytchev le pic de l’inflation sera atteint au printemps 2026. En ce sens les intentions de l’État de contrôler les processus inflationnistes et les tentatives de spéculation des prix sont tout à fait normales et c’est d’ailleurs une pratique adoptée partout en Europe, note le sociologue :
Il est difficile de prévoir si cela va causer des tensions sociales, mais je dirais plutôt que oui. Parce que nous adhérons à la zone euro à un mauvais moment. L’Europe est au plus bas dans son développement, elle est plongée dans une crise grave au plan politique et se trouve dans l’impasse. Il est tout à fait clair qu’elle ne peut plus continuer sur ce chemin et il lui faut une réforme générale, estime Kantcho Stoytchev, mentionnant l’accord commercial, qu’il qualifie d’humiliant, passé entre la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président des États-Unis Donald Trump.

Ivan Guergov
Version française et publication : Christo Popov
Photos : iStock Photo, BTA, BGNES, Gueorgui Neykov
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