Dans le canyon de la rivière Roussenski Lom se cache un des centres spirituels les plus impressionnants de Bulgarie. Il s’agit d’un site de plusieurs dizaines de cellules monacales, chapelles et églises rupestres, apparues dès le XIIIe siècle comme éléments du monastère rupestre "Saint Michel Archange" d’Ivanovo.

L’église rupestre la plus impressionnante du groupe est celle de la Sainte Vierge, qui est dans la liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO avec ses fresques murales du XIVe siècle. Mais les touristes ne voient qu’une partie de ce complexe qui était bien plus grand par le passé. La plupart des églises se trouvent au lieu-dit "Pismata" (Les lettres) sur la rive droite de la rivière Roussenski Lom.

Le musée d’histoire régional de la ville proche de Roussé organise des tours guidés avec un expert qui emmènent les visiteurs curieux au cœur de l’histoire spirituelle du Deuxième Royaume bulgare (1185 – 1396). Le conservateur du musée et guide Evguéni Gueorguiev explique :

Ces tours sont plutôt des randonnées touristiques, avec une visite de la vallée de Roussenski Lom et des parties monastiques. On passe par des sentiers dont certains sont assez escarpés, on monte des échelles en bois. Il y a un élément touristique et il faut que les participants portent des tenues appropriées pour de courtes randonnées, qu’ils apportent de l’eau, qu’ils aient un couvre-chef, etc. Il faut être prudent et c’est pourquoi ces groupes ne doivent pas être de plus de 15 personnes. La durée du tour dépend du groupe, mais d’ordinaire elle est de 3 à 4 heures.

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La traversée du massif rocheux parsemé d’églises, monastères et cellules, demande une bonne condition physique. Evguéni Gueorguiev conduit les groupes vers certains des huit complexes majeurs, choisis pour leurs fresques préservées qui racontent l’histoire du monastère d’Ivanovo entre le XIIIe et le XIVe siècle :

Le premier sanctuaire visité est le complexe de l’Église ensevelie où le monastère a été fondé avec un don du tsar Ivan Assen II par le patriarche saint Joachim Ier (futur premier patriarche de Tarnovo de 1235 à 1246) à son retour du mont Athos. Ce saint bulgare a servi dans l’église comme premier higoumène (équivalent de l’abbé dans l’Église latine) du monastère. On y trouve deux églises préservées avec des fresques et dans l’une d’elles il y a aussi une composition montrant le "ktitor" (donateur pour la construction d’une église orthodoxe) - le tsar bulgare Ivan Assen II.

Le circuit se poursuit vers d’autres endroits remarquables comme l’église "Krachtelnata" (Baptismale) et le lieu-dit "Gospodiev dol" (Le ravin de Dieu) ainsi appelé pour l’image du Christ qui garde le ravin. Chemin faisant on voit les formations rocheuses "Vochkini" qui ressemblent aux alvéoles dans une ruche. La culmination arrive à la chapelle la plus à l’est, consacrée aux saints Théodore Tiron et Théodore le Stratilate dont les fresques datent du XIVe siècle. Pour Evguéni Gueorguiev la véritable valeur de ces visites ne réside pas uniquement dans les chefs-d’œuvre artistiques :

A mon avis ce qu’il y a de plus précieux est ce voyage dans le passé. Nous voyons les monastères tels qu’ils étaient au XIIIe – XIVe siècle. Ce n’est pas quelque chose de transporté dans un musée, c’est sur place, comme à cette époque du passé. Ce qui est important ici est que contrairement aux églises construites que nos archéologues découvrent, on ne retrouve que leurs fondations lors des fouilles et ici nous avons les intérieurs entièrement préservés. Et quand nous voyons aussi les fresques préservées, ce voyage dans le temps devient assez impressionnant, conclut Evguéni Gueorguiev.

Vénéta Nikolova

Version française et publication : Christo Popov

Photos : Milen Yordanov