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Dessislava Tsvetkova et ses parallèles poétiques entre la Bulgarie et l'Europe unie

"L’art authentique des Bulgares, leur plus grande richesse", affirme la poétesse de retour après de longues années à l’étranger

Photo: Гергана Манчева

"Je rentre en Bulgarie pour me ressourcer émotionnellement", confie Desislava Tsvetkova, poétesse bulgare et ancienne fonctionnaire à la Commission européenne. Après avoir passé 14 ans au sein des sièges d'institutions de l’Europe unie, Dessi, comme tout le monde l’appelle par son surnom, vient tout juste de retrouver sa terre natale. Aujourd’hui, de retour en Bulgarie, elle y puise une inspiration vive, nourrie par la parole des poètes bulgares et par une vie culturelle qu’elle juge foisonnante, notamment à Sofia. "Vivre dans un monde parfaitement organisé ne permet pas d’accéder à la profondeur des sentiments. En Bulgarie, où les difficultés sont palpables, la vie offre cette densité, ce regard en biais qui nous pousse à voir le monde autrement et à vouloir le transformer."

Récemment, la poétesse bulgare Dessislava Tsvetkova a présenté son septième recueil de poèmes intitulé "Port étoilé". À travers ses vers, elle crée un monde émaillé de métaphores éclatantes et d’images vives. Connue pour son sourire chaleureux et ses mots sincères, Dessislava a su tisser une relation profonde avec son public et ses amis, qu’elle partage non seulement à travers ses poèmes, mais aussi dans ses échanges au quotidien.


Dessi incarne bien plus qu’une poétesse. C’est une Bulgare résolue, une chercheuse infatigable de nouveaux "ports étoilés". Ses poèmes ont conquis les cœurs des lecteurs sur plusieurs continents, de la Roumanie, de la Serbie et de l’Albanie, jusqu’à l’Inde, le Royaume‑Uni et les États‑Unis, sans oublier l’Indonésie, la Russie, le Mexique ou encore le Bangladesh et ses vers sont régulièrement publiés dans des anthologies et des revues internationales. Dessislava Tsvetkova a été admise comme membre du Parti pour la poésie flamand. Parmi les moments les plus marquants de sa carrière, on retrouve sa participation à l'écriture d'un poème multilingue pour le Centre culturel flamand à Bruxelles, ainsi que la publication de ses poèmes dans le recueil de la Commission européenne, intitulé "La musique des langues", et dans la revue "Poètes" dans le cadre de l’initiative "Interlitratour". Sa poésie n'est pas restée inaperçue lors du Festival international de poésie en Roumanie, où elle a remporté un prix en 2022 pour sa contribution à la littérature mondiale. En outre, Desislava est également traductrice, ayant traduit en anglais, français et allemand plusieurs auteurs bulgares, dont les œuvres figurent dans l'anthologie "River of Words".


Pour Dessislava Tsvetkova, l'écriture est une nécessité vitale, une compagne de vie qui la suit  depuis son enfance. "J’ai commencé à écrire dès mon plus jeune âge et, tout au long de ma vie, j’ai envoyé des poèmes à différents magazines. Mon premier recueil a été publié par ma mère, grâce à l’argent que je lui envoyais depuis l’étranger. C’était en 2007", se souvient-elle et d'ajouter :

Dessislava Tsvétkova et Guérgana Mantchéva de Radio Bulgarie

"J’écris des vers et j’aime les métaphores, elles insufflent une douceur à la poésie. Parfois, mes poèmes prennent un ton plus sombre, plus mélancolique. Mais j’ai appris que chaque difficulté, chaque épreuve finit toujours par s’apaiser. C’est ça qui est beau : après la tempête, un horizon plus lumineux se dessine. Et j’espère que la Bulgarie connaîtra le même destin, qu’elle trouvera enfin sa place au sein de l’Europe, qu’elle deviendra un membre égal, à part entière. Avec l’introduction de l’euro, je pense que nous pourrons enfin établir la stabilité nécessaire à notre gouvernement, qui vacille depuis trop longtemps. J’ai appris à affronter les difficultés avec le  sourire, car c’est dans ma nature."

Peu après son retour en Bulgarie, Dessislava Tsvetkova a entamé un nouveau chapitre de sa carrière, cette fois plus créatif. Actuellement éditrice dans une grande maison d’édition universitaire, elle met à profit l'expérience acquise au sein de l'administration européenne, un cadre qui l'a formée à la rigueur et au sens profond des responsabilités :

"À Luxembourg et en Belgique, j'ai appris bien plus que la responsabilité, le professionnalisme et l’importance de défendre mes propres convictions", a-t-elle confié lors d'un entretien avec Radio Bulgarie. "En tant que Bulgare, on se retrouve souvent seul à relever de nouveaux défis, en travaillant dans un environnement international et confronté à des barrières linguistiques. Peu importe votre maîtrise d'une langue, la perfection n’est jamais totalement atteignable. C’est un défi, mais aussi une formidable occasion de se forger un caractère solide. Là-bas, j’ai appris à être extrêmement stricte, à vérifier chaque détail avant de l’appliquer dans mon travail." Elle souligne ensuite l’importance de son expérience dans la sphère européenne : "Bien que le travail administratif soit souvent répétitif, il représente un poste de grande responsabilité, car il s'agit de travailler pour l'avenir de l’Europe. Et nous espérons tous que cet avenir sera de plus en plus favorable pour nous tous."

Enfin, Dessislava Tsvetkova conclut en liant son engagement personnel à son travail artistique : "À travers ma poésie, j'essaie d'apporter un peu de lumière et d'espoir dans le quotidien des gens. J'espère sincèrement y parvenir."

Khairi Hamdan

Dessi Tsvetkova confie qu’elle puise souvent son inspiration auprès d’autres poètes bulgares, mais elle cite également la délicate poésie de Khairi Hamdan, un poète palestinien qui vit en Bulgarie depuis plus de quarante ans et qui traduit la littérature bulgare en arabe. Ce dernier était également présent lors de la présentation de son recueil "Port étoilé". "Chaque fois que je lis un de ses poèmes, une vague d'émotions et d'inspiration m'envahit", confie la poétesse.

"La beauté est partout autour de nous, il suffit d'ouvrir les yeux et de la reconnaître", partage Dessislava Tsvetkova en dévoilant sa philosophie créative :

"Tout peut être réparé, cela devrait nous donner de l'espoir", partage-t-elle sa philosophie de vie. Bien sûr, elle précise que certains événements tragiques, comme la perte de vies humaines, ne peuvent être réparés, mais les règles doivent être respectées, car elles concernent tout le monde. A  son retour en Bulgarie, Dessislava a découvert un pays profondément changé pour le  mieux. "Même les petites choses font la différence. Par exemple, aujourd'hui, tous les magasins délivrent des tickets de caisse. C’est un geste simple, mais il permet de collecter les impôts pour l'État". Elle souligne aussi l’évolution de Sofia, devenue une ville moderne, grâce à certaines compagnies aériennes. "Sofia est désormais une destination touristique accessible, et beaucoup d’étrangers y arrivent. On l’appelle la "capitale gastronomique" des Balkans, et cela ne peut que me réjouir." Dessislava se montre également optimiste quant à l’avenir des jeunes Bulgares. "Il y a une couche de jeunes conscients et motivés qui peuvent changer beaucoup de choses ici."

Après de nombreuses années de contacts avec la diaspora bulgare, Dessislava témoigne de la force du patriotisme et de l’esprit de renaissance nationale qu’elle a rencontrés chez ses compatriotes à l'étranger. "Les Bulgares dans le monde entier sont incroyablement actifs dans la vie culturelle. À travers leurs associations, leurs organisations et leurs centres culturels, ils invitent des écrivains, des artistes, montent des pièces de théâtre, organisent des concerts et des performances. L’objectif est toujours de rassembler les gens autour de la culture bulgare", raconte Dessislava Tsvetkova, qui a passé une grande partie de sa carrière professionnelle en dehors de la Bulgarie. Elle souligne l’une des qualités les plus précieuses du peuple bulgare :

"L'une des plus belles caractéristiques des Bulgares est leur art authentique. En Belgique, par exemple, se tient l’un des festivals les plus fréquentés dédiés à la musique des Balkans. Ce festival, intitulé "BalkanFest",  attire non seulement des Bulgares, mais aussi des Serbes, des Roumains, des Monténégrins et des Bosniaques. Fait intéressant, il est organisé par un passionné belge. On y joue de la musique ethno bulgare, ce n’est pas du folklore traditionnel au sens strict, mais un style revisité qui crée une ambiance exceptionnelle."


Édition: Guergana Mantchéva

Version française : Svjetlana Satric

Crédits photos : Guergana Mantchéva, archives personnelles, municipalité de Bourgas, Facebook /Khairi Hamdan, Facebook Dessislava Tsvetkova




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