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Un homme politique, des diplomates et des militaires croisent leurs destins dans un nouveau musée à Sofia

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Photo: Yoan Koltchev

"À mon avis, la période comprise entre la Libération et le coup d’État en 1944, est particulièrement intéressante car le pays était en essor. Je pense que la Bulgarie d’alors était dans la bonne voie. Nous sommes actuellement en manque de personnes aussi intègres, à l’âme pure, dont cette époque était riche. J’aimerais bien montrer aux jeunes, comme aux adultes, les objets de ma collection, et surtout leur raconter l’histoire qui se cache derrière, connaître mieux ces personnes dignes de respect", disait Philippe Milanov dans une interview. 

"Je suis venu intrigué à cet entretien, dont la vraie gageure, était de vérifier si un individu lambda serait capable de rassembler, conserver et exposer une collection, improbable par sa richesse, composée d’artefacts et de documents datant du Troisième royaume bulgare. Au sein de l’exposition, accueillie par l’espace "État-major Sofia", quelques pièces se démarquent, ayant été des effets personnels du premier ministre du 14e gouvernement, Konstantin Stoylov :

"Avec mon ami Kamen Chipev, en fouillant la cave de la maison de son trisaïeul Konstantin Stoylov, nous avons découvert un pistolet. Il s’est avéré que c’est une pièce unique, faite sur commande à Paris par l’atelier d’armes "Ferdinand Claudine" – fournisseur attitré de têtes couronnées. La gâchette de l’arme n’est pas apparente, et le pistolet correspond parfaitement aux exigences, formulées par Stoylov. Avant qu’il soit nickelé, on a gravé sur la crosse le nom du futur premier ministre. Cela se passe au début de la guerre entre la Russie et la Turquie de 1877."

Au moment de la remise à l’état de l’arme à Saint-Pétersbourg, l’expertise révèle à Philippe la valeur historique de l’objet, ainsi que son coût pécuniaire, et il est pressé de le restituer à Kamen. Mais celui-ci refuse carrément de le reprendre. Après que son ami perd la vie dans un accident en pleine montagne, Milanov n’oublie pas de tenir la promesse, donnée à son copain : trouver le lieu adapté pour conserver ces objets de mémoire pour les générations futures.

Le musée dispose d’autres effets personnels de Konstatin Stoylov dont une valise diplomatique :

"La valise contenait le courrier qu’il échangeait régulièrement avec le prince Alexandre Ier de Bulgarie. Munie de deux clés, elle était confiée à un postier qui la transportait. Le monogramme princier est imprimé dessus. La petite boîte a servi à l’échange de messages d’une portée historique entre les deux hommes. Et voici, en plus, un coffre, d’une facture très réussie, comme un puzzle, fabriqué en brins de paille fine. C’est un présent offert par la commune de Sofia, à l’occasion du choix de la ville pour capitale de la Principauté de Bulgarie."

La liste des artefacts compte plusieurs documents, photos, l’icône favorite au foyer de Konstantin Stoylov, ainsi qu’un costume complet, y compris la montre de l’homme politique, cadeau du prince Ferdinand.

Un autre centre d’intérêt représentent les objets, ayant appartenu aux frères Krum et Stéphane Tchaprachkov.


"Je dispose de deux uniformes de Stéphane Tchaprachkov. D’abord, celui qu’il a porté pendant 8 ans en sa qualité de secrétaire au Cabinet noir du tsar Ferdinand, et certaines décorations qu’il a reçues comme diplomate, de la main de différents monarques européens de l’époque. D’autre part, sa tenue officielle de diplomate durant les guerres de réunification nationale, quand il était envoyé dans les missions les plus délicates : en Serbie, en Roumanie et en Grèce. Au moment de la Révolution d’Octobre en 1917, il se trouve à Moscou, d’où il a conservé des documents intéressants, exposés ensemble avec d’autres objets, possédés par sa famille."

Un uniforme de la Garde nationale que portait le tsar Siméon II avant 1946, fait aussi partie de la collection. Il fait partie de la collection  d’uniformes, y compris ceux de pilotes de guerre, engagés dans la défense de Sofia lors des bombardements en 1945. "L’exposition cache évidemment d’autres surprises", précise mon interlocuteur :

Todor Obrechkov"Il y a aussi une zone souterraine, dont raffolent les écoliers du quartier et de tout l’arrondissement. C’est là-bas que se trouvent le poste des télégraphistes, l’hôpital de campagne, et d’autres espaces fonctionnels, relatifs à l’histoire militaire du pays."

D’autres pièces d’exposition vont prochainement intégrer le musée. Ce sont des documents et des objets, ayant appartenu au contre-amiral Sava Ivanov,  le chef de la marine de guerre de Boris III de Bulgarie. Il est l’auteur de plus de 400 articles, parus dans des revues étrangères, dédiées à la stratégie navale. En outre, le musée abrite des effets personnels du combattant des Guerres balkaniques et de la Première guerre mondiale, l’officier de carrière Todor Obrechkov. Il a rapporté du front des photos inouïes, que Philippe souhaite exposer, et a laissé des mémoires, qui probablement verront bientôt le jour chez un éditeur.

Auteur : Yoan Kolev

Version française : Ivan Batalov




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