« L’Europe est un monument à la vanité des intellectuels, un projet inévitablement voué à l’échec : seule reste à déterminer l’ampleur des dégâts en fin de course ». Ces mots appartiennent à Margaret Thatcher et ils sont extraits de son livre biographique « Les chemins du pouvoir ». Pendant les années 80, la Dame de fer a conduit une politique de réformes brutales pour redresser l’économie britannique. Encore aujourd’hui, la Grande Bretagne est toujours un peu à part sur la carte de l’UE et continue à ses distancier de certaines politiques communes européennes.
Pour la Bulgarie, c’est tout le contraire, le rêve de l’Europe est ancien et depuis la chute du régime communiste, toute la transition était marquée par la volonté unanime de rejoindre l’UE et l’OTAN. Durant tous les moments de crise, l’aspiration à l’Europe a était un garde-fou contre les dérives anti-démocratiques. Or, aujourd’hui, l’euro-optimisme ne fait plus la majorité absolue et bien que minoritaires, les eurosceptiques se font de plus en plus entendre. ?nous avons demandé l’avis à un eurosceptique, le professeur de l’Université de Sofia, Nikola Guéorgiev :
« De mon expérience personnelle je sais que lorsque le riche propose au pauvre de s’associer, le grand perdant c’est le pauvre. Ce partenariat va à l’encontre de la logique de l’économie de marché, car les partenaires ne sont pas égaux. Ca ne marchera donc pas. Je ne sais pas ce que ça veut dire le mot eurosceptique, non plus le mot Europe. Nous avons été mis dans la position du fameux personnage Bay Ganyo qui disait : « nous sommes européens, mais pas tant que ça ».
Yavor Gardev, metteur en scène répond à cet avis du point de vue de l’euro-optimiste :
« Notre positionnement en l’Europe est périphérique : parfois dedans, parfois dehors et souvent situé dans une position ambiguë. Mais désormais, nous sommes à notre place ».
Cela fait exactement vingt ans (1995) depuis que la Bulgarie a déposé sa candidature pour devenir membre de l’Union européenne et dix ans depuis la signature du traité d'adhésion à l'Abbaye de Neumünster à Luxembourg. En 2007, c’est devenu une réalité. Deux gouvernements ont joué un rôle décisif : Le gouvernement des Forces démocratiques unifiées avec Premier ministre Ivan Kostov et celui du PM Siméon de Saxe Cobourg Gotha à qui revient l’acte symbolique de la signature du traité d’adhésion à la famille européenne. Voici la déclaration de l’ancien Premier ministre :
« Le 25 avril 2007, la Bulgarie a rejoint la famille des nations européennes, une famille à laquelle elle a toujours appartenue. Son histoire millénaire, sa culture unique et ses valeurs européennes vont contribuer au développement de l’ensemble de l’UE. Je voudrais offrir ce contrat d’adhésion aux jeunes générations bulgares, car ce sont elles qui vont porter le fardeau de l’intégration européenne et aussi travailler pour construire l’Europe du 21e siècle, qui sera une Europe de la paix et du progrès ».
En effet, les Bulgares ont dû avaler la pilule amère de cette adhésion : quatre des cinq réacteurs de la centrale nucléaire Kozlodouj ont été fermé, le marché intérieur a été soumis à de règles pas toujours en notre faveur, le prix social est aussi élevé. Nous sommes d’ailleurs toujours soumis au monitoring du Mécanisme de coopération et de vérification pour les progrès faits dans le domaine de l’Etat de droit, c’est-à-dire la lutte contre la corruption et le crime organisé. Depuis notre entrée dans l’UE, le pays a beaucoup changé, grâce aux nombreux fonds structurels de développement que l’Union a injecté en Bulgarie.
Enfin, la maison Europe nous a apporté l’essentiel - la liberté d’expression et l’ouverture vers le monde avec la liberté de circulation et la possibilité d’étudier, travailler et vivre dans d’autres pays.
Version française : Miladina Monova
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